Les soupçons de recours aux armes chimiques en Syrie se précisent

Par Tiphaine Honoré  |   |  486  mots
La porte parole du Département d'Etat américain, Jen Psaki, a indiqué lundi avoir "des indications sur l'utilisation d'une substance chimique industrielle toxique". (Photo : Reuters)
Les Etats-Unis disposeraient d'éléments confirmant les soupçons d'utilisation de substances chimiques toxiques en Syrie. Des gaz industriels comme le chlore auraient pu être répandus au mois d'avril dans certaines des villes du pays.

L'information circule depuis dimanche. François Hollande avait alors fait part de ses soupçons quant à de récentes attaques au gaz toxique, contre les rebelles syriens. Les États-Unis pourraient aujourd'hui en avoir la preuve.

Des "attaques moins importantes, mais mortelles"

Le Département d'Etat américain examine les éléments pointant la responsabilité du régime de Bachar al-Assad, a indiqué lundi sa porte parole Jen Psaki, comme le montre un reportage de France 24.

"Nous avons des indications sur l'utilisation d'une substance chimique industrielle toxique. Nous examinons les allégations selon lesquelles le gouvernement [syrien] est responsable".

Des déclarations qui corroborent les propos du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sur l'antenne d'Europe 1 dimanche. 

"Des indications me sont données - il faut vérifier -, selon lesquelles il y aurait eu des attaques chimiques récemment, beaucoup moins importantes que celles de Damas il y a quelques mois, mais des attaques mortelles, dans le nord-ouest de la Syrie, pas loin du Liban."

Des bombardements de gaz à neuf reprises

La Coalition Nationale Syrienne (CNS), la principale force d'opposition, avait déclaré la semaine dernière que des hélicoptères du gouvernement avaient largué les 11 et 12 avril du gaz chloré sur le village de Kfar Zeïta, tenu par les insurgés, dans la province de Hama. La CNS précise que les armes toxiques auraient été utilisées à neuf reprises depuis le début de l'année, dont six au cours du mois d'avril. La télévision officielle syrienne a quant à elle imputé l'usage de ce gaz au Front al-Nosra, affilié à al-Qaida.

Ce sont des barils d'explosifs remplis de chlore à l'état gazeux, d'aspect "jaune-verdâtre et à l'odeur âcre" selon un article du Monde, qui ont été bombardés. Ce gaz endommage les voies respiratoires et peut provoquer l'asphyxie, à forte dose. Le quotidien ajoute que la CNS aurait demandé une enquête à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), censée détruire le stock syrien. Samedi 19 avril, la coordinatrice spéciale de la mission conjointe de l'ONU et de l'OIAC, Sigrid Kaag, avait fait savoir que la Syrie avait transféré hors du pays ou détruit 80% de ses armes chimiques déclarées.

Plus d'armes chimiques à partir du 27 avril

Le régime syrien s'était engagé à se débarrasser de l'intégralité de son arsenal chimique à la suite d'une attaque commise dans la plaine de la Ghouta, en périphérie de Damas, le 21 août 2013. Il est censé ne plus disposer d'aucune de ces armes toxiques d'ici la date butoir du 27 avril.

C'est en tout cas ce qui avait été convenu -après une correction de calendrier fin février- dans l'accord avec les États-Unis et la Russie, en septembre. Sauf que, contrairement au sarin, le gaz chloré de figure pas sur la liste des armes chimiques que Bachar al-Assad a déclaré l'an dernier à l'OIAC.