Ukraine : de nouvelles sanctions contre Moscou dès lundi

Par latribune.fr  |   |  853  mots
Le G7 reproche à la Russie d'être revenue sur sa promesse d'utiliser son influence auprès des séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine. (Photo : Reuters)
Le G7 s'est accordé samedi sur le principe d'imposer rapidement de nouvelles sanctions contre la Russie, qui n'a pas soutenu l'accord de Genève. Les Etats-Unis devraient être les premiers à agir, dès le début de la semaine prochaine.

Le G7 se remobilise. Les dirigeants des sept pays les plus industrialisés ont décidé samedi d'imposer rapidement de nouvelles sanctions à la Russie, en raison de son rôle dans la crise en Ukraine, ont-ils annoncé dans un communiqué.

"Nous, les dirigeants du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, le président du Conseil européen et le président de la Commission européenne, nous unissons pour exprimer notre profonde inquiétude face aux efforts continus des séparatistes soutenus par la Russie pour déstabiliser l'est de l'Ukraine", lit-on dans le communiqué rendu public par la Maison blanche.

""Compte tenu de l'urgence de s'assurer l'opportunité d'un vote démocratique réussi et pacifique le mois prochain lors de l'élection présidentielle, nous sommes déterminés à agir rapidement pour intensifier les sanctions ciblées et les mesures accroissant le coût des actes de la Russie", explique le G7.

Des sanctions ciblées pays par pays

Il ne s'agit toutefois que d'un accord sur le principe. Un haut responsable américain a en effet expliqué que chaque pays décidera séparément des sanctions ciblées qu'il entend mettre en oeuvre. Bien que coordonnées, ces sanctions ne seront pas nécessairement identiques d'un pays à l'autre.

Les Etats-Unis et l'UE ont déjà pris des sanctions distinctes contre des responsables russes en raison de la crise ukrainienne. Certains pays européens sont toutefois réticents à l'idée de prendre des mesures supplémentaires.

Barack Obama à l'initiative

Les sanctions américaines pourraient être prises dès lundi, a précisé le même haut responsable. Le conseiller de Barack Obama adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes, a confirmé que ces mesures pourraient intervenir "au début de la semaine prochaine".

Ben Rhodes a ajouté que ces sanctions pourraient concerner des individus ou des entreprises particulièrement influents dans certains pans de l'économie russe, notamment l'énergie et la banque.

Lors d'un entretien téléphonique vendredi avec François Hollande, Angela Merkel, David Cameron et Matteo Renzi, Barack Obama avait insisté sur la nécessité d'agir rapidement, a expliqué le conseiller du président américain.

Du côté européen, Angela Merkel a annoncé vendredi qu'une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'UE se tiendrait "aussi rapidement que possible", afin d'étudier de nouvelles sanctions.

La porte reste ouverte

Le communiqué du G7 ne fournit pas de liste des mesures qui sont envisagées, mais il prévient:

"Nous continuons à nous préparer pour passer à des sanctions plus larges et coordonnées, y compris des mesures sectorielles si les circonstances l'exigeaient".

Les dirigeants du G7 affirment cependant que "la porte demeure ouverte pour une résolution diplomatique à cette crise", et appellent, sur la base de l'accord de Genève conclu le 17 avril, la Russie à s'engager dans cette voie.

Craintes des conséquences

"Nous avons conscience qu'il y a un malaise face aux conséquences économiques de sanctions accrues contre une grande économie comme la Russie", a admis le conseiller de Barack Obama : "Notre réponse est que les conséquences à long terme de laisser la Russie s'engager dans ce type de déstabilisation comporteront leurs propres coûts économiques".

La crainte de sanctions (jusqu'à présent limitées aux hauts responsables) contre l'économie russe, déjà affaiblie, a en effet entraîné de massives fuites de capitaux, poussant l'agence Standard & Poor's à abaisser vendredi la note de la Russie à "BBB-". Confrontée à une chute du rouble et à une accélération de l'inflation, la banque centrale russe a augmenté à 7,5% son taux directeur.

Le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a tempéré vendredi :

"Le but est d'atteindre l'économie russe tout en faisant le moins de dommages possible à l'économie américaine et mondiale".

La Russie a manqué ses promesses

Le G7 reproche à la Russie d'être revenue sur sa promesse d'utiliser son influence auprès des séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine pour les désarmer et les convaincre d'évacuer les bâtiments qu'ils occupent.

"La Russie n'a pris aucune mesure concrète pour soutenir l'accord de Genève", juge le G7 dans son communiqué. "Au lieu de cela, elle a continué à alimenter les tensions par une rhétorique de plus en plus inquiétante et en menant actuellement des manoeuvres militaires à la frontière de l'Ukraine."

Pour Ben Rhodes, "chacun comprend que si les troupes russes à la frontière envahissent l'Ukraine, alors des sanctions sectorielles constitueront une riposte. Nous avons besoin d'un éventail de sanctions que nous pouvons imposer."

Une intervention des forces régulières de l'armée russe dans l'est de l'Ukraine apparaît en effet comme une hypothèse de plus en plus tangible. Selon le Pentagone, d'ailleurs, des avions russes ont violé l'espace aérien ukrainien "à plusieurs reprises" au cours des dernières 24 heures. Kiev et Berlin accusent aussi les séparatistes d'avoir retenu une douzaine d'observateurs de Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCSE) en mission en Ukraine.