Défaut de paiement : "l'Argentine n'a pas d'autre option que de payer"

Par latribune.fr  |   |  478  mots
Axel Kicillof, le ministre de l'Economie argentin // Reuters. L'Argentine traîne des pieds pour s'acquitter des 1,3 milliard de dollars car elle redoute que ce réglement déclenche une avalanche de revendications de la part des autres fonds ayant refusé les restructurations de la dette argentine.
Le compte à rebours pour éviter un défaut de paiement a été déclenché lundi sur fond de litige avec des fonds "vautours" datant de la crise économique de 2001.

Le compte à rebours a commencé lundi afin d'éviter un défaut de paiement. L'Argentine traîne des pieds pour s'acquitter de sa dette envers NML Capital et Aurelius Management, à qui la Cour suprême a donné gain de cause le 16 juin. Ils réclament le remboursement - à leur valeur initiale - des titres de dette argentine qu'ils ont rachetés à prix cassés lors de la faillite du pays, soit 1,33 milliard de dollars.

En position de force après leur succès judiciaire, les fonds ont fait savoir à Buenos Aires qu'ils accepteraient un paiement en bons du trésor. Mais Buenos Aires redoute que ce réglement ne déclenche une avalanche de revendications de la part des autres fonds ayant refusé les restructurations de la dette argentine.

15 milliards de dollars supplémentaires

Ce serait alors 15 milliards de dollars supplémentaires que devrait payer l'Argentine. Un remboursement aussi important serait impossible à l'heure où la banque centrale d'Argentine ne dispose que de 28,5 milliards de réserves en dollars, sur fond de déficit énergétique et d'amorce de récession économique.

Mais, pour l'économiste argentin Nicolas Dujovne, cité par l'AFP:

"L'Argentine doit cesser de se situer dans l'affrontement avec le juge Griesa et comprendre qu'elle doit discuter et trouver un accord avec les fonds qui ont gagné en justice (...) Elle n'a pas d'autre option que de payer pour éviter un défaut".

Jeudi, Buenos Aires a effectué un versement d'un peu plus d'un milliard de dollars, destiné aux créanciers restructurés (93% des détenteurs de titres) et normalement due au 30 juin. Un juge américain, Thomas Griesa, a toutefois ordonné la restitution aux autorités argentines de la somme déposée, mettant en avant que le pays sud-américain devait préalablement solder le litige qui l'oppose depuis des années aux fonds NML Capital et Aurelius Management.

Une menace pour l'avenir

Ce litige autour de la dette argentine pourrait menacer de futures restructurations de dette publique en incitant les créanciers à refuser tout compromis avec les Etats, redoute le Fonds monétaire international (FMI).

En décembre 2001, l'Argentine s'est déclarée en faillite, asphyxiée par la dette contractée depuis les années 1970 et ses intérêts. Le pays a accusé le FMI et la Banque mondiale d'avoir précipité sa perte et imposé aux créanciers deux restructurations, en 2005 et 2010, et une décote d'environ 70%.

Pour permettre à l'Argentine de se redresser, 93% des détenteurs de dette argentine ont obtempéré. Mais le restant des investisseurs, environ 7% dont NML et Aurelius, ont refusé. Grâce aux revenus des exportations agricoles, notamment de soja, l'Argentine a jusqu'ici réglé en temps et en heure ses échéances.

Reste que "le problème avec ce gouvernement, c'est qu'on ne sait jamais ce qu'il va faire", estime un cadre de Moody's, Gabriel Torres, cité par l'AFP.