L'Argentine proche de la récession, en pleins doutes sur sa dette

En pleins déboires avec les fonds vautours, l'Argentine avance pas à pas dans la récession.
La banque centrale d'Argentine doit notamment faire face à des réserves en chute libre. (Photo : Reuters)

Les signes d'une récession imminente se multiplient en Argentine : la production industrielle et la consommation baissent, pendant que Buenos Aires tente de solder un différend avec des fonds spéculatifs remontant à la crise de 2001. Le Produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,8% au premier trimestre 2014 et d'après l'Institut argentin de statistiques (INDEC), la troisième économie d'Amérique latine pourrait entrer officiellement en récession à l'issue du 2e trimestre 2014, qui devrait confirmer le recul de l'activité.

"Le ralentissement de l'activité économique se maintiendra au cours des prochains mois", prévoit ainsi un rapport de l'université privée Torcuato Di Tella.

Fin d'un cycle de forte croissance

Avant de s'essouffler fin 2013, l'économie argentine a connu une décennie de forte croissance (4,9% en 2013), poussée par le secteur automobile, la construction et les exportations agricoles, notamment le soja.

La majorité des experts considèrent que la vigueur de l'économie entre 2003 et 2013 a été profondément affaiblie par des questions financières, un coût de la main d'oeuvre en hausse et le contrôle des changes.

La dévaluation de 18% du peso argentin en janvier, sous la pression des marchés, a handicapé l'industrie. Les prix se sont envolés, sans que les hausses salariales ne compensent l'inflation, selon les experts.

"Pas récupération à court terme"

"Ce qu'il faut toujours faire, c'est savoir à quel type de récession on fait face. Nous venons d'avoir une année de consommation très élevée et il était assez probable qu'à la moindre situation négative, la consommation allait se réduire", observe Eduardo Blasco, économiste de l'institut Maxinver.

Pour lui, "la situation est mauvaise, mais elle n'est absolument pas dramatique. Sur le front de l'emploi, la situation s'est compliquée et elle peut s'aggraver. L'industrie automobile en est le meilleur exemple. Il n'y aura pas de récupération à court terme".

Chute de l'industrie automobile

Le taux de chômage a baissé de 0,8% sur les trois premiers mois de l'année, pour se situer à 7,1%, malgré les réductions d'effectifs dans l'industrie automobile.

L'industrie automobile, moteur de l'économie et de la croissance au cours des dernières années, pâtit de la baisse des achats de voitures après une année 2013 record en Argentine, mais aussi de la baisse de la demande brésilienne, car une grande partie de la production argentine part notamment vers le Brésil.

Les exportations de véhicules ont dégringolé de 24,3% sur les cinq premiers mois. Les ventes en Argentine ont chuté de 32,3% pendant la même période, après une année 2013 record, avec près d'un million de véhicules achetés, dont un tiers de voitures françaises (Renault, Peugeot, Citroën). Pour relancer la production, le gouvernement a lancé un plan facilitant l'achat de voitures à crédit.

Chute des réserves monétaires 

Outre l'inflation chronique qui dépassera probablement encore 25% en 2014, comme en 2013, l'économie argentine est fragilisée par la baisse de ses réserves monétaires en devises, même si l'hémorragie est contenue depuis plusieurs semaines.

"Le constat que nous pouvons faire, c'est que l'Argentine a limité la baisse des réserves, au détriment du niveau d'activité. Aujourd'hui, la Banque centrale finance le gouvernement et ensuite, assèche le marché pour maintenir le niveau des réserves. Cela provoque un impact négatif sur le secteur privé. Le crédit est paralysé", note l'économiste Dante Sica, de l'institut Abeceb.

Si bien que l''industrie argentine tourne à son plus bas régime depuis dix ans, remarque Abeceb.

Buenos Aires sous la menace d'un défaut de paiement

Les difficultés de l'Argentine pourraient encore s'aggraver si les négociations avec les fonds "vautours" sur un résidu de dette n'aboutissent pas.

"La décision de la Cour suprême des Etats-Unis nous est tombée comme un seau d'eau froide sur la tête, un jugement qui paraissait improbable", confie Dante Sica.

L'Argentine et 93% de ses créanciers se sont mis d'accord pour une restructuration de la dette impliquant le remboursement d'environ 30% des sommes dues, mais 7% des détenteurs de bons, surnommés fonds "vautours", ont refusé ce compromis. Une poignée d'entre eux, NML Capital et Aurelius Capital, a intenté une action en justice aux Etats-Unis et obtenu gain de cause, le paiement de 1,3 milliard de dollars, soit 100% de la mise initiale.

Buenos Aires s'estime sous la menace d'un nouveau défaut de paiement après celui de 2001 si les autres créanciers exigent le remboursement à 100%, comme NML Captital et Aurelius Capital.

Commentaires 29
à écrit le 30/06/2014 à 5:38
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Les faits: l'Argentine a spolié 93% de des prêteurs de 70% de leur argent...alors je dirais plus que ce sont les épargnants qui ont eu des déboires avec l'Argentine, mais nous sommes en France il est vrai. Alors c'est sans doute une bonne leçon po...

le 30/06/2014 à 8:08
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Personne ne force les epargnants à preter...sauf les banques et les fonds speculatifs qui le font en douce...avec la complicite des politiques

à écrit le 29/06/2014 à 10:21
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Et bien on nous avait vendu en 2008 le miracles des pays émergents. Finis l'Europe ringarde et les vilains américains, vive l'axe Sud-Sud décomplexé dynamique, inventif et innovant. La grande époque où une certaine SR obtient l'investiture de son par...

le 29/06/2014 à 10:35
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@Isabelle Les Américains sont toujours des "vilains", pires, chaque jour à déstabiliser un peu plus le Monde. Leur terrain de chasse privilégié est d'ailleurs l'Amérique du Sud. L'Argentine est une nouvelle fois en train d'en faire les frais. US GO...

le 29/06/2014 à 11:58
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à Isabelle : Pas faux. Vous savez, un certain VP, leader d'un pays de l'est européen en fait de même à ce moment, en cherchant de partenaires auprès d'un immense pays de l'Asie, sous les sanctions de BO et aussi de FH, AM, DC et j'en passe. Géopoliti...

le 29/06/2014 à 18:29
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@M. excusez moi, ne le prenez pas mal, mais, même si je situe bien les événements auxquels vous faites référence, je ne vois pas le rapport ni avec mon commentaire ni avec l'article...

le 29/06/2014 à 18:40
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J'avais plutôt l'impression que c'est la triangulaire religieuse entre l'Iran, le Qatar et l'Arabie Saoudite qui en ce moment déstabilise le monde. Les US, ils aimeraient bien Go Home croyez moi; espérons qu'il ne le fassent pas, sinon bonjour le bor...

le 29/06/2014 à 20:23
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Non, du tout, je pense que vous avez bel et bien raison.

à écrit le 29/06/2014 à 9:17
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C'est marrant on aurait vraiment l'impression que vous parlez de la France!!!

le 29/06/2014 à 12:11
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Il suffit de remplacer le mot "Argentine" par celui de "France" et personne va noter la différence. ;-)

à écrit le 29/06/2014 à 8:51
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lol... excellent exemple pour la france, qui va suivre, sauf que la france n'a pas de matiere premiere et du boeuf a exporeter pour avoir qques devises... ;-)

à écrit le 29/06/2014 à 8:39
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Quand je vois les commentaires bolcho-socialo-romantiques de certains, je me demande ce qu'ils font sur LT. Même des lycéens sont plus renseignés sur le chose économique, allez plutôt vous faire plaisir sur le site de l'Huma.

le 29/06/2014 à 10:27
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@Raymond Hélas pour vous, on vit dans une démocratie sociale où effectivement on peut s'exprimer et lire aussi bien le Figaro, que le Monde, l'Humanité ou encore... La Tribune. Je comprends qu' l'économie, vos "sous" soient plus important que les va...

le 29/06/2014 à 10:41
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Vous préférez les statistiques qui mentent, mois après mois, sur l'endettement des pays et la "reprise" ?

le 29/06/2014 à 15:41
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Vous me faites bien rire ! allez essayer de poster un commentaire sur le site de l'Huma ! il n'y a même pas d'espace pour le faire, un bel exemple de la liberté d'expression version Moscou... Mais c'est bien, continuez à fantasmer et à cracher sur c...

le 29/06/2014 à 17:53
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@ JB38 Je ne m'étendrai pas sur le caractère dictatorial du neo-libéralisme, mais je rappelle ici qu'il n'a rien de nouveau: Mis en oeuvre en France par F Mitterand depuis 1983 (Gouvernement Fabius/Delors) puis avec son programme de privatisation de...

à écrit le 29/06/2014 à 8:32
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Et en plus le Vice Président Boudou est mis en examen hier à Buenos Aires pour une sombre affaire de racket... Fin de course pour le GOUVERNEMENT CORROMPU DES KIRCHNER, qui en 10 ans a détourné avec son clan largement de quoi rembourser tout ce qui...

à écrit le 29/06/2014 à 8:28
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TOUT CELA C EST LA FAUTE A LES ETATS UNIS QUI COMPLOTE AVEC L'OLIGARQUIE ET LA CIA POUR TOMBER LES REGIMES POPULAIRES COMME VENEZUELA, SYRIE, LYBIE, IRAN OU COREE DU NORD. MAIS BIENTOT L'ESPRIT DE NOTRE GRAN GENERAL PERON VA REVEIL LE PEUPLE POUR CHA...

le 29/06/2014 à 8:51
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vous vouliez plutot dire ' c'est la faute a sarkozy', c'est ca?

le 29/06/2014 à 9:51
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LA SARKHOLLANDE ELLE EST COMPLICE CELA S'EST SUR AVEC LE GRAND CAPITAL INTERNATIONAL QUI TYRANNISE LES PEUPLE LIBRES ET SOUVERANS

à écrit le 29/06/2014 à 3:11
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Je suis très curieux de savoir quelles vont être les conséquences de ce défaut de paiement. Je note qu'aucun article de La Tribune, ou d'autres journaux, n'aborde cette question essentielle.

à écrit le 28/06/2014 à 12:29
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exiger le remboursement de 100% de sa mise fait de vous un vautours..!! ?? je pensait que se qualificatif etait reserver aux usuriers.

le 28/06/2014 à 13:18
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c'est le but du taux de risque inclus dans le taux d'interet. des fois on perd et ce taux permet de rembourser un minimum. quand on prete, on doit s'attendre à ne pas être remboursé, donc tant pis pour eux mais c'est le jeu.

le 28/06/2014 à 22:21
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faut etre un peu informé, ces fonds vautours ont rachetés 1.3milliardUSD de dette pour 48millions de USD,sur le marché secondaire et réclament la mise initiale. A mort ces exploiteurs qui affament un pays, et pas un des plus pauvres...

le 29/06/2014 à 10:33
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Les fonds vautours sont des crapules, le Gouvernement argentin aussi. Vous vous dites informé, renseignez vous donc sur le lamentable bilan de C Kirchner depuis 2007, les scandales de corruption et l'explosion de la pauvreté en Argentine. Don crapul...

à écrit le 28/06/2014 à 11:03
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On peut même remplacer le mot "L'Argentine" par celui de "La France", le titre restera tout à fait cohérent et d'actualité. C'est marrant ça, les similitudes entre ces deux pays...

le 28/06/2014 à 12:20
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eh oui, hélas...

le 29/06/2014 à 9:20
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C'est vrai que les situations sont comparable sauf que nos journaliste n'osent pas écrire la vérité de la situation en France

le 29/06/2014 à 20:27
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Les journalistes ont aussi leurs familles, leurs dettes, comme tout le monde.... de nos jours être employé c'est déjà une aubaine, on ne peut pas y badiner ...

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