L'intégrité territoriale de l'Ukraine, "un objectif essentiel" selon Merkel

Par latribune.fr  |   |  637  mots
Lors d'une conférence de presse commune avec Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a refusé de faire passer la paix avant la souveraineté territoriale.
Angela Merkel a affirmé que l'intégrité de l'Ukraine était essentiel pour l'Allemagne. Certains experts pensent toutefois qu'elle agirait en coulisse pour obtenir des concessions de la part de Kiev pour calmer le jeu avec Moscou. Le conflit pèse en effet sur l'économie allemande.

La tension monte en Ukraine. En visite à Kiev, la chancelière allemande Angela Merkel a défendu l'intégrité territoriale de l'ancienne république soviétique au court d'une visite hautement symbolique, à la veille de la fête de l'indépendance du pays, samedi, tout en appelant à un "cessez-le-feu".

"Objectif essentiel de la politique allemande"

"L'intégrité territoriale de l'Ukraine est l'un des objectifs essentiels de la politique allemande", a-t-elle ainsi déclaré lors d'une conférence de presse commune avec le président ukrainien Petro Porochenko. A ce titre, elle n'a donc pas exclu "de réfléchir à de nouvelles sanctions", alors que les vives tensions avec Moscou ont déjà des conséquences négatives sur la première économie européenne.

Plus haute dirigeante occidentale à se rendre en Ukraine depuis le début de la crise ayant provoqué la pire détérioration des relations entre la Russie et l'Occident, a une nouvelle fois dénoncé l'annexion de la péninsule ukrainienne de la Crimée en mars par Moscou que l'Europe ne pourra, selon elle, jamais reconnaître pour ne pas créer un dangereux précédent.

"Dangereuse escalade"

Sa visite intervient alors que l'entrée vendredi en Ukraine de près de 300 camions russes transportant de l'aide humanitaire pour la population de Lougansk, bastion des séparatistes, a provoqué un concert de protestations.

Dans une conversation téléphonique vendredi, le président Barack Obama et la chancelière ont estimé que la Russie s'était engagée dans une "dangereuse escalade", faisant part de leur "inquiétude" face à la forte présence militaire russe à la frontière et sur le territoire ukrainien. Kiev a qualifié d'"invasion directe" l'entrée sur le territoire ukrainien de ces camions qui ont, selon l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), tous regagné la Russie samedi.

Jeu de dupe ?

Pour certains experts, la visite de la chancelière en pleine montée des tensions et à la veille de la fête de l'indépendance du pays est signe de soutien fort. Mais d'autres pensent qu'elle cherche en fait à convaincre Kiev de faire des concessions afin que Vladimir Poutine accepte de reculer tout en sauvant la face. Ce qui permettrait d'éviter de nouvelles sanctions pour ne pas freiner un peu plus l'économie allemande.

Le vice chancelier allemand Sigmar Gabriel a semblé en tout cas aller dans ce sens en ce prononçant pour une Ukraine fédérale dans une interview samedi. Une idée défendue par Moscou mais rejetée par Kiev qui n'accepterait tout au plus qu'un effort de "décentralisation". Sigmar Gabriel a par ailleurs expliqué qu'il ne fallait pas s'attendre "à ce que l'on revienne rapidement" sur l'annexion de l'Ukraine. Des propos que la chancelière s'est toutefois empressée de "clarifier" à Kiev samedi, en expliquant que dans le sens allemand, le fédéralisme est plus proche d'une décentralisation que dans la version russe. Ajoutant cependant "qu'il faut être deux pour faire la paix".

Pour Kiev, la souveraineté passe avant la paix

Quoiqu'il en soit, le président ukrainien a expliqué lors de la conférence qu'il était pour lui hors de question pour lui de sacrifier la souveraineté de son pays pour préserver la paix dans l'Est, où le conflit a fait en quatre mois 2.000 morts et 400.000 réfugiés.

"Il est temps que la paix s'instaure dans le Donbass. Le pouvoir ukrainien fera tout avec nos partenaires européens pour que cela arrive. Mais pas au dépens de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance de l'Ukraine", a-t-il en effet déclaré.

Il a par ailleurs promis dimanche d'allouer quelque 2,2 milliards d'euros pour rééquiper l'armée nationale au cours des deux prochaines années.