Ukraine : l'Europe prête à durcir ses sanctions contre la Russie

Par latribune.fr  |   |  847  mots
Les dirigeants européens ont donné dimanche une semaine à la Russie pour changer de cap en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions.

Les dirigeants européens ont donné dimanche une semaine à la Russie pour changer de cap en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions. "Le Conseil est prêt à prendre de nouvelles mesures significatives", a annoncé le président du Conseil, Herman Van Rompuy, à l'issue d'un sommet européen extraordinaire à Bruxelles. La Commission européenne a été chargée de les préparer "en urgence". Celles-ci doivent être présentées "d'ici une semaine" et une décision sera prise "en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain", a-t-il dit.

Retrait des forces militaires d'Ukraine

L'Union européenne exige notamment de la Russie qu'elle "retire toutes ses forces militaires" d'Ukraine. "Tout le monde est conscient qu'il faut agir rapidement", a souligné Herman Van Rompuy.

Le conflit a franchi une nouvelle étape cette semaine après des informations concordantes sur des incursions de troupes régulières de l'armée russe en Ukraine. Des consultations entre les 28 vont débuter dès lundi. La chancelière allemande Angela Merkel voulait que des sanctions puissent être prises dès mercredi, avant le sommet de l'Otan au Pays de Galles, selon une source européenne. Mais quelques pays s'y sont opposés en l'absence de précisions sur les secteurs concernés.

Quatre secteurs frappés

Angela Merkel a indiqué que ces sanctions toucheraient des secteurs déjà frappés depuis fin juillet. L'Union européenne avait alors décidé d'imposer pour la première fois à la Russie des sanctions économiques dans quatre secteurs: accès aux marchés financiers, armement et technologies sensibles dans le domaine de l'énergie, biens à usage civil susceptibles d'avoir un usage militaire.

"Elles ont déjà eu un impact visible sur l'économie russe", a assuré Herman Van Rompuy. De nouveaux noms pourraient aussi être ajoutés à la liste des personnes et entités visées par des sanctions ciblées.

"Nous pourrions nous retrouver dans une situation (...) de non-retour si l'escalade se poursuit", a mis en garde le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Vendredi, il avait averti au téléphone le président Vladimir Poutine que toute nouvelle "déstabilisation" de l'Ukraine aurait un "coût élevé" pour la Russie.

"Nous sommes trop près de la frontière où il n'y aurait pas de retour", a lui aussi souligné samedi le président ukrainien Petro Porochenko, invité à s'exprimer devant ses homologues européens. Il a accusé la Russie d'avoir envoyé "des milliers" de soldats et "des centaines de chars" sur le territoire ukrainien, ce que Moscou nie catégoriquement. L'Ukraine a pourtant capturé il y a une semaine dix parachutistes russes qui ont été échangés dimanche contre 63 soldats ukrainiens.

"La Russie est pratiquement en guerre contre l'Europe"

Pour la présidente lituanienne Dalia Grybauskaité, "la Russie est en état de guerre avec l'Ukraine, un pays qui veut faire partie de l'Europe, ce qui signifie que Moscou est pratiquement en guerre contre l'Europe". Elle faisait partie des rares dirigeants européens qui ont plaidé, en vain, pour la fourniture à Kiev de matériel militaire.

Sur le terrain, le responsable séparatiste Alexeï Mozgovoï a affirmé samedi que les insurgés contrôlaient désormais près de 50% du territoire des régions de Donetsk et de Lougansk après les récents succès de leur contre-offensive.

Nouvelle contre-offensive

Les rebelles ont dit se préparer à une nouvelle grande offensive contre les forces gouvernementales dans l'est de l'Ukraine, visant particulièrement le port stratégique de Marioupol, à près de 100 km au sud de leur bastion de Donetsk qui relie par la côte la frontière russe à la péninsule ukrainienne de la Crimée rattachée à la Russie en mars.

"Nous y entrerons dans un avenir proche", a prévenu le "Premier ministre" de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko.

A la Maison de la culture et de la jeunesse de Marioupol, des militants pro-ukrainiens ont organisé dimanche une réunion "pour apprendre aux habitants les réflexes à adopter en cas de bombardement de la ville, quand se cacher, ou s'abriter", explique Denis Gavrilov de l'association Marioupol unie avant qu'un film ne soit diffusé.

"On a vécu deux mois sous la DNR. Même ceux qui leur étaient favorables ont pu voir que ce sont des bandits, des voyous", ajoute le militant.

"Nous avons défendu Marioupol à Bruxelles", a pour sa part écrit sur son compte Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine. Il s'est par ailleurs félicité de la nomination comme président du Conseil du Premier ministre polonais Donald Tusk, partisan de la fermeté vis-à-vis de Moscou.

"On plaisante dans les couloirs de Bruxelles que la nomination de Tusk est la plus grande sanction contre la Russie. Je préfère le mot défi", a souligné M. Klimkine.

La Russie a de son côté fait savoir samedi qu'elle souhaitait organiser un "pont humanitaire" pour envoyer de l'aide dans les zones de l'est de l'Ukraine sinistrées par le conflit.