Poutine évoque la création d'un Etat dans l'est de l'Ukraine

Par latribune.fr  |   |  468  mots
Jusqu'à présent, la Russie avait seulement demandé que les régions orientales de l'Ukraine, majoritairement russophones, aient davantage d'autonomie dans un système fédéral moins centralisé.

La création d'un Etat doit être abordée dans les discussions sur la fin du conflit dans l'est de l'Ukraine, a déclaré dimanche le président russe Vladimir Poutine, évoquant pour la première fois un tel statut pour les régions où s'affrontent loyalistes et rebelles prorusses.

"Nous devons commencer immédiatement des discussions substantielles (...) sur des questions touchant à l'organisation politique de la société et la création d'un Etat pour le sud-est de l'Ukraine afin de protéger les intérêts légitimes des personnes qui y vivent", a dit le président Poutine, lors d'une émission télévisée et cité par les médias russes.

Jusqu'à présent, la Russie avait seulement demandé que les régions orientales de l'Ukraine, majoritairement russophones, aient davantage d'autonomie dans un système fédéral moins centralisé.

Un état vassal

Comme plusieurs analystes l'ont rappelé ces derniers jours, le président russe Vladimir Poutine se montre déterminé à voir le Donbass (est de l'Ukraine) échapper à l'influence de Kiev.

L'apparition de signes d'implication directe sur le terrain pourrait montrer que Moscou verrait d'un bon oeil l'apparition dans le Donbass (bassin industriel russophone dans l'est de l'Ukraine) d'une enclave prorusse hors du contrôle de Kiev à l'image de la Transdniestrie, a estimé cette semaine Holger Schmieding, chef économiste de Berenberg Bank. Cette région séparatiste russophone de la Moldavie, qui concentre l'essentiel de l'industrie de cette ex-république soviétique, comme le Donbass en Ukraine, est de facto contrôlée par Moscou.  L'expert Konstantin Kalatchev le confirme : Vladimir Poutine, décidé à punir Kiev pour son orientation proeuropéenne, "a besoin d'un Etat vassal".

Menaces de l'UE

Vladimir Poutine, qui s'exprimait dans une émission télévisée enregistrée vendredi, n'a pas évoqué la question de la menace de sanctions accrues contre Moscou brandie par les Occidentaux qui accusent la Russie d'engagement militaire en Ukraine.

Réunis samedi à Bruxelles, les dirigeants de l'Union européenne ont donné une semaine à la Russie pour changer de cap, sous peine de nouvelles sanctions.

Le numéro un du Kremlin a toutefois estimé que les Occidentaux portaient la responsabilité de la crise ukrainienne parce qu'ils avaient soutenu le mouvement de protestation ayant conduit en février au "coup d'Etat" contre le président prorusse Viktor Ianoukovitch sans penser qu'un conflit s'ensuivrait.

"Ils auraient dû savoir que la Russie ne pouvait pas rester à l'écart quand des gens se font tirer dessus presque à bout portant", a dit Vladimir Poutine, précisant parler non "de l'Etat russe, mais du peuple russe."

Moscou a jusqu'ici toujours démenti avoir envoyé des soldats en Ukraine pour soutenir la rébellion prorusse qui combat les troupes loyalistes dans l'Est depuis plusieurs mois et désormais aussi dans le sud-est du pays.