Ukraine : trève fragile et accord de fourniture d'armes par cinq pays de l'OTAN

Par latribune.fr  |   |  913  mots
Selon le conseiller du président Porochenko, l'Ukraine a conclu un accord prévoyant la fourniture d'armes et de conseillers militaires par cinq Etats membres de l'Alliance atlantique : les Etats-Unis, la France, l'Italie, la Pologne et la Norvège. Une femme a été tuée par des tirs à Marioupol, première victime depuis le cessez-le-feu, et les abords de l'aéroport de Donetsk étaient dimanche le théâtre de tirs d'artillerie, faisant craindre l'échec d'une sortie de crise entre Kiev et les rebelles pro-russes.

C'est une victoire diplomatique importante pour le gouvernement de Kiev. L'Ukraine a conclu un accord lors du sommet de l'Otan au Pays de Galles prévoyant la fourniture d'armes et de conseillers militaires par cinq Etats membres de l'Alliance atlantique, a indiqué un conseiller du président ukrainien Petro Porochenko, dimanche. « Lors du sommet de l'Otan, des accords ont été conclus sur la fourniture de conseillers militaires et d'équipements d'armements modernes par les Etats-Unis, la France, l'Italie, la Pologne et la Norvège », a dit Iouri Lissenko sur sa page Facebook. Le conseiller n'a pas fourni de détails supplémentaires et sa déclaration n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat. Petro Porochenko avait assisté au sommet des pays alliés qui se sont réunis pendant deux jours cette semaine à Newport au Pays de Galles. Les responsables de l'Otan ont expliqué que l'Alliance ne fournirait pas d'armes à l'Ukraine qui ne fait pas partie de l'organisation mais que les Etats membres pouvaient prendre cette initiative à titre individuel.

Sur le terrain, le "protocole" de cessez-le-feu signé vendredi à Minsk, et rendu public dimanche par l'OSCE, a du mal à tenir. L'accord ouvre la porte, de façon encore floue, à un "statut spécial" pour les régions tenues par les séparatistes et des élections pour les régions de Donetsk et Lougansk, fiefs des rebelles pro-russes.

Mais, dans la nuit de samedi à dimanche, "une femme a été tuée et trois habitants de Marioupol ont été blessés", a indiqué la mairie de ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine. Selon les autorités locales, des rebelles, qui tentent depuis plusieurs jours de s'emparer de cette dernière grande ville encore sous contrôle ukrainien, ont tiré dans la nuit sur un check-point à la sortie est de la ville et détruit une station service.

A Donetsk, une journaliste de l'AFP a entendu dimanche à un check-point près de l'aéroport, sous contrôle de l'armée, des tirs d'artillerie. Il n'était pas possible d'établir leur origine. Tôt dimanche, le calme était en revanche revenu à Marioupol, mais les signes des combats de la nuit étaient bien visibles près du point de contrôle ukrainien.

Un camion totalement détruit brûlait au bord de la route et plusieurs bâtiments à proximité étaient endommagés, les fenêtres soufflées. Le point de contrôle était toujours occupé par les forces ukrainiennes. Une vingtaine d'hommes étaient visibles, ainsi que trois chars. "Les tirs ont commencé vers 22H30" (19H30 GMT), a expliqué à l'AFP Pacha, un combattant du bataillon de Vinnitsa.

"Ils (les prorusses) tiraient avec quatre obusiers. Ils ont tiré sur le check-point et sur les tentes", ajoute-t-il, assurant que les militaires ukrainiens n'ont "pas eu de pertes". "Vous voyez quel genre de cessez-le-feu il y a du côté russe", ironise-t-il.

Quelques heures plus tôt, les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine avaient estimé au cours d'un entretien téléphonique que le cessez-le-feu signé vendredi à Minsk était "globalement respecté".

Destiné à mettre fin à un conflit de près de cinq mois dans cette région qui a fait, selon l'ONU, 2.600 morts et provoqué le départ d'un demi-million de personnes, ce cessez-le-feu avait été accueilli avec scepticisme par les Occidentaux.

Samedi matin, rebelles et forces gouvernementales s'étaient mutuellement accusé d'avoir violé le cessez-le-feu, par des tirs sur leurs positions respectives dans et autour des fiefs rebelles de Donetsk et Lougansk.

Désirs d'indépendance

La proclamation du cessez-le-feu constitue un succès pour les insurgés et la Russie, dans la mesure où il semble entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l'Est après l'avancée victorieuse ces dernières semaines des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux ce que Moscou dément.

Les rebelles ont exigé samedi leur "indépendance" après les négociations à Minsk entre le "groupe de contact" composé de l'Ukraine, de la Russie et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les séparatistes.

Dimanche, Amnesty International a renvoyé dos à dos les belligérants: "Toutes les parties au conflit se sont montrées indifférentes à l'égard de la vie des civils et négligent de manière flagrante leurs obligations internationales", a dénoncé le secrétaire général de l'association Salil Shetty.

Photos satellite à l'appui, Amnesty estime en outre qu'il apparaît "clairement que la Russie entretient le conflit, aussi bien par son ingérence directe que par le soutien qu'elle accorde aux séparatistes dans l'est de l'Ukraine".

La trêve annoncée à Minsk n'a d'ailleurs pas convaincu les Occidentaux qui ont accusé ces derniers jours la Russie d'avoir déployé des troupes régulières dans l'est de l'Ukraine, même si Moscou a toujours démenti toute implication sur le terrain.

Les 28 Etats membres de l'Union européenne se sont mis d'accord vendredi soir pour de nouvelles sanctions contre la Russie, qui seront formellement adoptées lundi. Mais la Russie a averti samedi qu'elle réagirait en cas de nouvelles sanctions économiques.

De son côté, l'Otan mène jusqu'au 10 septembre des exercices militaires, dans les pays baltes, en Allemagne et en Pologne, qui doivent indiquer "haut et fort" que l'Alliance est prête à défendre ses pays membres, a déclaré samedi à Riga un haut responsable, le général Hans-Lothar Domrose.