L'épidémie d'Ebola sème la panique dans le monde entier

Par Nabil Bourassi  |   |  690  mots
Les combinaisons de protection sont essentielles pour protéger le personnel soignant qui a déjà payé un lourd tribut en Afrique.
Alors que l'ONU confesse son impuissance à reprendre le contrôle sur le terrain, de nombreux pays annoncent des mesures exceptionnelles de prévention, quitte à verser dans la paranoïa...

Le monde a-t-il basculé dans la panique? L'annonce, cette semaine, de la contamination d'une infirmière espagnole, la première contamination hors d'Afrique, a soulevé de nombreuses interrogations sur la réelle capacité des pays occidentaux à prévenir et contenir une éventuelle épidémie d'Ebola sur leur sol. La mort aux Etats-Unis d'un homme qui a contracté la maladie alors qu'il était au Libéria, a également jeté le trouble dans l'opinion publique. L'entourage de cet homme, depuis décédé, est encore sous surveillance car la période d'incubation de la maladie peut aller jusqu'à trois semaines.

Fausses alertes, et un plan d'urgence en France

En France, les fausses alertes de contamination à la maladie qui a déjà tué 4.000 personnes en Afrique depuis le début de l'année, ont mobilisé les médias. Un numéro vert a été mis en place (0800 13 00 00) depuis samedi matin pour répondre aux questions du public. Un point presse hebdomadaire sera mis en place avec les agences sanitaires à partir de la semaine prochaine. L'institut de veille sanitaire a indiqué avoir recensé 350 "signalements" de personnes revenant de pays touchés par l'épidémie, mais aucun cas avéré. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a mis en place un plan de prévention.

En Grande Bretagne, c'est un exercice grandeur nature qui est mis en place samedi pour tester les dispositifs de sécurité des autorités de santé publique. Des centaines de personnes sont mobilisées pour cet exercice.

Pas de plaisanteries chez US Airways

En Amérique du Nord, le Canada a appelé tous ses ressortissants à quitter les pays touchés par la maladie dans les plus brefs délais. Les médias ont également rapporté cette anecdote d'un passager d'un avion de ligne de US Airways posé en République Dominicaine qui, après avoir éternué, a plaisanté :" j'ai Ebola, vous êtes foutus". Les passagers ont pu filmer son évacuation par des hommes arrivés en combinaison de protection.

Les Etats-Unis, le Brésil, le Nicaragua, le Mexique... De nombreux pays ont annoncé le renforcement des contrôles dans les aéroports, les ports et les frontières terrestres, notamment entre le Mexique et les Etats-Unis.

Le Maroc veut repousser la CAN

Plus spectaculaire encore, ce samedi matin, le Maroc a demandé le report de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) qu'il est censé accueillir en 2015, en raison du caractère incontrôlé de l'épidémie d'Ebola. La Confédération africaine de football a indiqué qu'elle maintenait la compétition qui doit commencer mi-janvier.

L'ONU dépassée...

Il faut dire que les Nations-Unies semblent dépassées et impuissantes sur le terrain. Antony Banbury, chef de la Mission des Nations Unies pour l'action d'urgence contre Ebola (MINUAUCE) s'est montré alarmiste.

"Le temps est notre ennemi. Le virus est très en avance sur nous", a-t-il déclaré lors d'une réunion à l'ONU. "Le défi est immense. Nous sommes en retard, mais il n'est pas trop tard de se battre et gagner cette bataille", a-t-il ajouté.

L'ONU a ainsi appelé les gouvernements à davantage soutenir la lutte contre la maladie, notamment avec des fonds. Le FMI a ainsi annoncé qu'il était "prêt à faire plus" pour la Guinée, un des pays les plus durement touchés par Ebola.

Tensions politiques au Liberia

Au Liberia, un autre pays extrêmement touché, des tensions politiques sont apparues alors que la présidente a demandé le report des élections et l'attribution des pleins pouvoirs dans le cadre de la lutte contre la maladie. Le Parlement a rejeté la demande d'Ellen Johnson Sirleaf en maintenant les élections sénatoriales au 20 décembre, au plus tard.

Un espoir en Espagne

En Espagne, l'infirmière contaminée alors qu'elle soignait le prêtre espagnol revenu d'Afrique et dont la maladie était avérée, semble montrer des premiers signes de rémission. Teresa Romero "va mieux qu'hier. Son état s'est amélioré dans la nuit. Elle est consciente, elle parle de temps en temps quand elle est de bonne humeur", a déclaré une source médicale qui a requis l'anonymat.