Le "non" au voile de Michelle Obama

Par Giulietta Gamberini  |   |  573  mots
Mardi 27 janvier, Barack Obama a fait escale en Arabie saoudite avec son épouse, pour présenter ses condoléances après la mort le 23 janvier du roi Abdallah et parler avec son successeur, le roi Salmane,
En visite avec Barack Obama en Arabie Saoudite, l'épouse du président américain s'est présentée la tête découverte. Un choix éloquent compte tenu des coutumes en usage dans le pays.

La chœur de condoléances des personnalités politiques face au décès, le 23 janvier 2015, du roi nonagénaire d'Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud n'a pas manqué de susciter l'émoi des défenseur(e)s des droits de l'homme, et plus encore de celles et ceux des droits des femmes. Alors que, dès le lendemain de la mort du souverain, de nombreux chefs d'Etat se rendaient à Ryad pour lui rendre hommage, parmi lesquels François Hollande, la présidente de la branche française d'Amnesty international, Geneviève Garrigos, exprimait publiquement sa gêne sur France Info.

Le lundi suivant sur France Inter, l'humoriste Sophia Aram ironisait pour sa part sur la réaction de Christine Lagarde, pour qui le roi saoudien était "de façon très discrète, un fervent défenseur des femmes". Couverte d'un burqa, la chroniqueuse observait que "de discrétion en discrétion," les Saoudiennes auront peut-être les mêmes droits que leurs compatriotes masculins dans "un ou deux millénaires".

Des manches longues mais pas de voile

En visite avec Barack Obama mardi 27 janvier à Ryad, Michelle, l'épouse du président américain, a elle aussi trouvé une manière "discrète" de signifier au nouveau roi Salmane ben Abdel Aziz son opposition au traitement réservé par l'Arabie saoudite aux femmes. Tout en portant des habits qui couvraient entièrement ses jambes comme ses bras, Michelle Obama n'a voilé ni son visage ni sa tête.

Un choix certes consenti aux étrangères, néanmoins éloquent dans ce pays où, selon une étude de l'Université du Michigan de 2014, 3% des habitants considèrent qu'une femme non voilée en public est habillée de manière inappropriée. Les femmes saoudiennes, elles, n'ont pas le droit de sortir sans voile et portent d'ailleurs le plus souvent un niqab.

La polémique investit les réseaux sociaux

Le choix de Michelle Obama a évidemment engendré le buzz sur les réseaux sociaux. Selon la BBC, environ 2.500 tweets ont été postés avec un hashtag signifiant en arabe "#Michelle_Obama_Impudique" et "#Michelle_Obama_NonVoilée". Seuls 37% provenaient de Saoudiens, et une minorité exprimaient de la colère, tempère toutefois le média britannique. Nombre d'entre eux soulignaient que l'épouse du président américain avait pourtant choisi de porter un voile lors d'une autre visite en Indonésie en 2010. D'autres appelaient à davantage de liberté dans le pays.

Hillary Clinton et Angela Merkel aussi sans voile

L'épouse du président américain n'est de toute façon pas la seule femme à avoir refusé de porter un voile lors d'une visite en Arabie Saoudite. D'autres ont fait le même choix, rappelle la presse anglo-saxonne, parmi lesquelles deux anciennes secrétaires d'Etat américaines, Condoleezza Rice et Hillary Clinton, ainsi que la première ministre allemande Angela Merkel.

En 1998, alors qu'elle recevait le roi Abdal­lah au Royaume-Uni, la reine Elizabeth II était allée encore plus loin dans la démonstration, rapporte Ouest-France citant un diplomate anglais. Afin de lui prouver que les femmes aussi peuvent conduire, elle n'avait pas hésité à se mettre au volant. Sa conduite sportive, vestige de l'entraînement militaire au bord de camions et ambulances reçu à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a fini même par effrayer le roi, qui a dû lui demander de ralentir et... de se concentrer davantage.