Ukraine : de très nombreux combats en cours à quelques heures de la trêve

Par latribune.fr  |   |  905  mots
Les forces gouvernementales ukrainienne font état de 120 attaques distinctes au cours des dernières 24 heures.
Les combats faisaient rage samedi autour des villes stratégiques ukrainiennes dans l'Est séparatiste prorusse à quelques heures de l'entrée en vigueur d'un nouveau cessez-le-feu.

L'offensive des séparatistes pro-russes ne montre aucun signe de ralentissement samedi à quelques heures de l'entrée en vigueur théorique d'une trêve prévue par un accord conclu cette semaine à Minsk, indique l'armée ukrainienne. Les forces gouvernementales font état de 120 attaques distinctes au cours des dernières 24 heures. "Il n'y a pas d'accalmie, au contraire les rebelles continuent leurs attaques contre Debaltseve", ville stratégique située sur la liaison ferroviaire entre Donetsk et Louhansk, les deux régions tenues par les insurgés, a dit Anatoly Stelmakh, porte-parole de l'armée. La situation reste également tendue dans certaines zones de la région de Louhansk, précise l'armée.

L'accord conclu jeudi matin à Minsk grâce à la médiation de la France et de l'Allemagne prévoit l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu dimanche à 00h00, un retrait des armes lourdes de la ligne de front et la constitution d'une zone tampon de 50 km sous contrôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Des combats à Debaltseve

Les combats faisaient rage samedi autour des villes stratégiques ukrainiennes dans l'Est séparatiste prorusse à quelques heures de l'entrée en vigueur d'un nouveau cessez-le-feu. Un responsable régional pro-Kiev a estimé que les rebelles étaient en train de "détruire" Debaltseve, noeud ferroviaire situé à mi-chemin entre les capitales séparatistes prorusse de Donetsk et de Lougansk où les forces ukrainiennes sont quasiment encerclées.

"Les tirs d'artillerie contre les immeubles d'habitation et les bâtiments administratifs ne cessent pas", a indiqué Viatcheslav Abroskine, chef de la police régionale pro-Kiev en ajoutant qu'une roquette Grad a touché le commissariat de police de la ville. "La ville est en flamme", a déclaré à l'AFP Natalia Karabouta, responsable du département de la santé de Debaltseve. "Les gens viennent sous les obus se cacher dans des caves de l'hôpital (...) Il n'y a plus de médicaments, plus d'eau, ni d'électricité".

L'armée ukrainienne a fait état samedi matin d'une "tentative d'assaut rebelle avec des lance-roquettes multiples et des chars" contre ses positions près de  Debaltseve. L'ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, a écrit samedi sur son compte Twitter qu'il s'agissait de systèmes "russes et non séparatistes" près de Debaltseve y compris des systèmes de défense anti-aérienne. Sept soldats ont été tués en 24 heures et trois civils, selon des premiers bilans communiqués par les autorités ukrainiennes et séparatistes.

Et à Marioupol

Les combats se sont aussi intensifiés samedi aux environs du port stratégique de Marioupol sur les bords de la mer d'Azov où un civil a été tué. L'armée ukrainienne a repéré 14 vols de drones ennemis principalement en direction de Marioupol, a indiqué le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko.

La situation sur ces foyers de tension ainsi qu'aux abords des ruines de l'aéroport de Donetsk sera un test pour le cessez-le-feu, clause essentielle des accords de Minsk 2 signés jeudi au terme d'un marathon diplomatique impliquant les présidents russe Vladimir Poutine, ukrainien Petro Porochenko, français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel.

"L'ennemi a commencé à attaquer à partir de 05H00 nos positions à Chirokiné. Ils utilisent des chars et de l'artillerie", a indiqué le régiment de volontaires Azov qui défend Marioupol. Cette localité à 10 km de Marioupol a été "pratiquement détruite au cours d'un combat d'artillerie, il y a beaucoup de blessés", a annoncé Azov en début d'après-midi. La prise de Marioupol serait une étape clé pour établir un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en mars.

A Donetsk, bastion des rebelles, la nuit a été marquée par de très nombreux tirs d'artillerie et de salves de lance-roquettes multiples Grad et des tirs se poursuivaient avec la même intensité en début de matinée et étaient entendus dans le centre de Donetsk, selon un journaliste de l'AFP. "Ça a tiré ce matin plus que d'habitude. C'est toujours comme ça avant un cessez-le-feu", dit Marina Vassilievna, 52 ans, qui fait quelques courses au marché qui se trouve près de la gare ferroviaire de Donetsk, l'une des zones les plus touchées par les bombardements. Deux civils ont été tués en 24 à Donetsk, selon la mairie.

Nouvelles sanctions contre la Russie?

La veille, les violences ont fait au moins 28 morts dans l'Est poussant le président ukrainien Petro Porochenko à reconnaître que le processus de paix, après dix mois d'un conflit qui a fait quelque 5.500 morts, "était en grand danger" alors que "l'opération offensive de la Russie a significativement augmenté". Les dirigeants des sept plus grandes puissances économiques mondiales (G7, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume Uni, Etats-Unis) ont appelé au "strict respect" des accords et se sont dits "prêts à adopter" des sanctions contre ceux qui violeraient cet accord.

De son côté, la porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki, a accusé Moscou de continuer à déployer des armes lourdes dans l'est de l'Ukraine, se disant très préoccupée par "les informations concernant des chars et des systèmes de missiles supplémentaires venus ces derniers jours de Russie". Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait quant à lui adopter dimanche une résolution appelant à "appliquer pleinement" le cessez-le-feu conclu à la suite des négociations à Minsk.