Ukraine : les taux directeurs passent de 19,5% à 30%

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  436  mots
Le président ukrainien, Petro Porochenko, doit gérer une véritable guerre civile et une grave crise économique. (Crédits : reuters.com)
Alors que le conflit s'enlise dans l'est du pays, l'Ukraine fait face à une grave crise économique qui combine forte inflation, et forte baisse de la devise.

La banque centrale ukrainienne a annoncé mardi qu'elle allait relever à partir de mercredi son principal taux directeur de 19,5% à 30% pour tenter d'endiguer l'inflation galopante dans le pays, liée en grande partie à la dévaluation sans précédent de la monnaie ukrainienne.

Selon la banque centrale, cette décision fait partie d'une liste de mesures financières visant à "stabiliser la situation macroéconomique" dans l'attente d'une approbation définitive concernant l'octroi d'un prêt de 17,5 milliards de dollars (15,5 milliards d'euros) par le Fonds monétaire international (FMI).

En pleine guerre civile

L'Ukraine, en proie depuis onze mois à un conflit armé dans l'Est séparatiste prorusse, doit aussi faire face à une grave crise économique. L'inflation a atteint 28,5% en janvier sur an.

Cette hausse des prix spectaculaire est dopée essentiellement par une dépréciation catastrophique de la monnaie ukrainienne, la hryvnia, dont la valeur a presque été divisée par trois depuis début 2014. La banque centrale ukrainienne n'a cessé depuis des mois de relever son taux directeur qui est passé de 12,5% à 14% en novembre, puis à 19,5% en février.

Tentative désespérée?

Selon les analystes de Capital Economics, cette dernière hausse est "une tentative désespérée de la banque centrale de reprendre le contrôle de la monnaie". Cela "semble avoir eu un certain succès. Suite à l'annonce, la hryvnia s'est reprise", ont-ils dit, précisant que la monnaie ukrainienne s'établissait désormais à 24 hryvnias pour un dollar contre 27 auparavant. Néanmoins, les analystes se montrent sceptiques quant à l'impact de cette mesure sur le long terme.

"Sans une résolution pacifique, s'inscrivant dans la durée, du conflit dans l'est, la fuite des capitaux va se poursuivre", ont-ils estimé, précisant que "beaucoup allait dépendre du prêt du FMI".

Le Fonds doit approuver le 11 mars un nouveau programme de prêts à l'Ukraine de 17,5 milliards de dollars dans le cadre d'un plan d'aide global estimé à 40 milliards de dollars mais dont les contours restent relativement flous. L'octroi de ce nouveau prêt est conditionné à l'adoption de mesures d'austérité par le Parlement ukrainien, qui examine depuis lundi ces questions.

Un premier prêt accordé

L'aide du FMI devrait notamment servir à renflouer les réserves monétaires de la banque centrale, dont le niveau est très bas, pour aider à stabiliser la monnaie nationale. Le FMI avait déjà accordé en avril dernier 17 milliards de dollars d'aide d'urgence à l'Ukraine, mais ce programme s'est avéré insuffisant face à l'aggravation de la crise économique et à la poursuite du conflit armé dans l'est industriel du pays, qui a fait près de 6.000 morts en onze mois.