Zone euro : qui va secourir le fonds de secours ?

Par Stanislas Jourdan, avec agences  |   |  722  mots
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Les dirigeants européens se réunissent ce mercredi soir pour un sommet décisif et doivent décider ou non de l'ouverture du fonds de sauvetage à des investisseurs externes. Mais qui a suffisamment d'argent et d'intérêt à investir dans le sauvetage de la zone euro ?

Les dirigeants européens doivent acter ce mercredi soir l'élargissement des pouvoirs du Fonds Européens de Stabilité Financière (FESF). En cas d'accord, le FESF pourrait se voir doté d'un effet de levier lui permettant d'accroître une puissance de feu à plus de 1.000 milliards d'euros. Cela serait rendu possible grâce à l'émission de garanties et/ou l'accès à un véhicule spécial d'investissement (SPV), dédié à recueillir les fonds des investisseurs externes. Ce fonds serait capable d'émettre des obligations et d'en racheter sur le marché secondaire afin de soulager les Etats. Mais l'Europe doit encore s'assurer de la bonne volonté de ces investisseurs externes, qu'ils soient souverains ou privés. Qui va soutenir le fonds de soutien de la zone euro ? C'est la question de la semaine.

La solution de facilité : le FMI

Tout d'abord, le Fonds Monétaire International (FMI) semblerait prêt à subvenir aux besoins du fonds de secours. Un officiel du FMI a en effet déclaré mardi que le l'Institution était en train "d'étudier cette possibilité, mais n'avait pas encore pris de décision". "Cela dépendra du package d'ensemble" a-t-il précisé.

Un officiel de Bruxelles a confirmé l'intérêt de l'Europe et du FMI pour cette posibilité, en précisant que le FMI pourrait même être l'hébergeur d'un compte administratif destiné à aider la zone euro. Cette solution serait plus simple et plus flexible que la création d'un SPV, a également fait savoir un officiel du FMI.

Le directeur du FESF en visite en Chine

Après avoir réitéré plusieurs fois son soutien à la zone euro ces dernières semaines, le porte-parole du ministère chinois des Affaire étrangères, Jiang Yu, a déclaré mercredi que la Chine avait "une attitude ouverte" et était disposée à "aller discuter avec les Européens des multiples manières de coopérer". Une déclaration qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, puisque Klaus Regling, le patron du FESF, a prévu une visite à Pékin vendredi prochain.

Un diplomate de Bruxelles a assuré sous couvert d'anonymat que la Chine était partante pour continuer de soutenir l'Europe mais qu'il n'y avait "rien de concret  et détaillé" en ce qui concerne sa participation au véhicule spécial d'investissement. "Jusque là, la Chine a toujours préféré aider (l'Europe) au cas par cas, parce que cela facilite l'obtention de concessions sur les investissements, le commerce, les importations à un niveau plus intéressant que celui de l'Union européenne", analyse Paul Sheehan, directeur général du fonds d'investissement Thaddeus Capital, de Hong Kong.

Des discussions auront probablement lieu vendredi prochain avec des investisseurs chinois à ce sujet.

Les pays émergents boudent-ils l'Europe ?

Après la Chine et le FMI, qui d'autre a vraiment envie de sauver la zone euro ? Les pays émergents ne se bousculent apparemment pas au portillon. L'Argentine a clairement indiqué qu'elle ne participerait au sauvetage de la zone euro, tandis que l'Inde, et l'Afrique de Sud ne se sont toujours pas manifestés. Autre revers pour l'Europe : son voisin norvégien a exprimé très clairement son souhait de rester en dehors de toute aide financière.

La Russie, qui a dit à plusieurs reprises qu'elle était prête à aider les pays de la zone euro, sans préciser comment, a pris position aujourd'hui. Arkadi Dvorkovitch, le conseiller économique du kremlin a annoncé que le gouvernement était prêt à soutenir les pays de la zone euro mais, seulement à travers le Fonds monétaire international (FMI). C'est également la voie préférée par le Brésil, qui avait expliqué mardi qu'il n'avait aucunement l'intention de racheter de la dette européenne, mais a toutefois déclaré par la voix de son ministre des finances Guido Mantega que son pays pourrait accepter d'apporter un soutien financier par le biais du Fonds monétaire international. En contrepartie, le pays exigerait une réévaluation du poids des émergents dans l'institution, qui pose naturellement problème à d'autres membres comme les Etats-Unis...

Klaus Regling doit également se rendre à Tokyo ce week-end, après sa visite en Chine, a-t-on appris mercredi auprès de la délégation de l'Union européenne au Japon. Cette visite ne serait pas officielle, mais gageons qu'elle n'est pas touristique non plus.