Les dirigeants grecs se réunissent dans l'urgence sur fond de grève générale

Par latribune.fr avec Lefteris Papadimas et Renee Maltezou ATHENES (Reuters)  |   |  558  mots
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Ecartelés entre l'impatience de l'Europe et l'exaspération de sa population, les dirigeants politiques grecs se réunissent mardi, en pleine grève générale, pour donner leur réponse aux mesures drastiques exigées par les bailleurs de fonds d'Athènes.

Le Premier ministre Lucas Papadémos a négocié avec les représentants de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) durant presque toute la nuit, jusqu'à 04h00 (02h00 GMT), au moment où débutaient les premiers débrayages dans les ports et transports ou sur les sites touristiques.

"Aucun navire n'a quitté le port du Pirée ce matin, en raison de la grève des marins", a déclaré un porte-parole de la garde-côtes. Le mouvement a été lancé à l'appel des principaux syndicats du pays, GSEE (privé) et Adedy (public) pour dénoncer une politique qui menace d'entraîner le pays dans une spirale destructrice.

L'Acropole a été fermé aux touristes, les transports publics ont été perturbés aux heures de pointe matinales, le personnel des hôpitaux est réduit au minimum. Les enseignants, les employés de banques ou de télécommunications ont prévu de se joindre au mouvement.

Malgré ce contexte défavorable, Papadémos, un technocrate, ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), doit parvenir à convaincre les chefs des trois partis de la coalition hétéroclite qui le soutient - socialistes du Pasok, conservateurs de Nouvelle Démocratie et extrême droite du LAOS - d'accepter les conditions posées par l'UE et le FMI à une nouvelle aide de 130 milliards d'euros.

"Nous devons trouver une solution aujourd'hui", a déclaré un responsable gouvernemental avant la réunion entre partis, programmée dans la journée.

Lundi, la chancelière allemande Angela Merkel a manifesté son impatience en réclamant d'Athènes une décision rapide.

Le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, a indiqué quant à lui que les discussions entre son gouvernement et la "troïka" des prêteurs - UE, FMI, BCE - étaient difficiles.

"Malheureusement, les négociations sont tellement difficiles que dès qu'un chapitre est clos, un autre s'ouvre", a-t-il dit lundi soir.

BAISSER LE SALAIRE MINIMUM

Après des semaines de tractations, plusieurs questions majeures n'ont toujours pas été réglées.

La Grèce doit encore identifier 600 millions d'euros de mesures de réduction budgétaire pour l'année en cours, sur un total de 3,3 milliards, indique un responsable du gouvernement.

La troïka exige également que le coût du travail dans le secteur privé doit réduit d'environ un cinquième. Elle propose d'y parvenir en abaissant le salaire minimum de 20% - ce qui se répercuterait sur toute l'échelle salariale -, en supprimant les primes de congés payés ou en supprimant certains accords salariaux de branche.

L'Europe souhaite que la nouvelle cure d'austérité soit acceptée par la coalition gouvernementale grecque et approuvée par la troïka avant le 15 février, le temps de régler ensuite les procédures techniques complexes impliquées par un accord entre Athènes et ses créanciers privés sur un échange de dette.

L'Europe espère éviter un défaut de paiement "désordonné" de la Grèce, qui doit rembourser en mars 14,5 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance.

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a déclaré mardi qu'il n'avait aucun doute sur l'avenir de la Grèce dans la zone euro, à condition que le pays respecte ses obligations vis-à-vis des autres membres de la monnaie unique.