L'avenir de la croissance européenne toujours plus incertain

Par Romaric Godin  |   |  556  mots
Marché de Noël à Berlin. Copyright AFP
La situation reste difficile, mais l'espoir repose sur les consommateurs allemands et sur la reprise dans les pays émergents. La reprise sera, au mieux, lente.

Pas facile d'y voir clair ces jours-ci sur la situation économique de la zone euro. Pas une semaine, pas un jour, sans que les indicateurs n'envoient des messages contradictoires. On peut ainsi passer de l'espoir d'une reprise à l'inquiétude d'une crise plus profonde en quelques minutes. Du coup, les économistes avancent prudemment. Hier, trois instituts Ifo (Allemagne), Insee (France) et Istat (Italie) ont publié des prévisions titrées : " les tensions se réduisent, mais la croissance reste au ralenti ". L'agence de notation S&P, elle, note dans ses perspectives parues ce mercredi, qu'il n'y a pas de " voie rapide vers la reprise ".

Mauvaise passe

En réalité, les indicateurs vus dans l'ensemble plaideraient plutôt pour une dégradation de la situation économique en mars et en février. L'indice PMI des directeurs d'achats dans la zone euro en mars s'est ainsi contracté de 0,6 point en mars et se situe à 48,7, bien en deçà du seuil de 50 qui sépare l'expansion de l'économie de sa contraction. Les commandes industrielles allemandes n'ont progressé que de 0,3 % en février, alors que le marché attendait une hausse de 1,2 %. Bref, la situation est loin d'être encourageante et le premier trimestre 2012 pourraient bien encore voir une contraction de la richesse de la zone euro, ce qui signifierait l'entrée « officielle » de la zone euro en récession (puisque les économistes proclament l'entrée en récession après deux trimestres consécutifs de contraction du PIB).

Espoirs allemands

Pourtant, la relative accalmie sur le front de la crise de la dette souveraine semble donner aux observateurs l'espoir que la situation pourrait rapidement se stabiliser. Tous les yeux se tournent, là, vers la consommation allemande. S&P estime qu'elle devrait cette année « augmenter fortement » en raison de la bonne situation de l'emploi et de possibles hausses de salaires. L'accord très favorable obtenu par les salariés du secteur public ce week-end tend à renforcer cette thèse. L'institut économique berlinois DIW promet du reste ce mercredi, dans la foulée de cette consommation des ménages en « forte hausse », une « forte croissance » de l'Allemagne à partir de l'été. Evidemment, les perspectives de consommation dans les pays en crise touchés par l'austérité ne sont pas aussi réjouissantes, mais beaucoup comptent sur l'effet « locomotive » de la demande allemande sur ces économies. Mais un nouvel accès de fièvre sur les marchés dans le cadre de la crise de la dette inquièterait à nouveau les agents économiques allemands et renverrait le rebond promis à plus tard.

Le facteur émergent

L'autre pilier de la future croissance, c'est la reprise dans les pays émergents. S&P pense que ce sera « un des principaux déterminants du retournement européen », mais que « la reprise de ces marchés sera plus lente » qu'en 2009. La croissance de l'industrie chinoise en janvier, la plus faible depuis juillet 2009, confirme que rien n'est acquis de ce côté. On comprend donc que S&P refuse réellement de trancher. Il estime à 60 % la probabilité d'un scénario de reprise lente et à 40 % celle d'un scénario de récession profonde. Mais ce qui semble certain, c'est que, quoi qu'il arrive, la forte disparité entre le nord et le sud de la zone euro se maintiendra dans les années à venir en termes de croissance.