Gerhard Schröder attaque à mots couverts François Hollande

Par Romaric Godin  |   |  500  mots
Copyright AFP
L'ancien chancelier défend, dans une interview au Handelsblatt, son bilan et la politique européenne du duo Sarkozy-Merkel. Il rejette toute idée de taxation des riches à 75 %.

Gerhard Schröder sort de son silence ! Dans une interview accordée ce jeudi au quotidien Handelsblatt, celui qui a été chancelier fédéral de 1998 à 2005 promet pourtant que « sa carrière politique est terminée ». Mais il n'en a pas moins une idée sur l'actualité.


Pro-européen
Sur l'Europe d'abord, il joue une partition très pro-européenne, saluant les décisions du conseil européen du 9 décembre et le nouveau traité budgétaire. « Les bases d'une plus forte intégration européenne ont été jetées », affirme-t-il, estimant que, désormais, les politiques « économiques, sociales et financières » devront être coordonnées. Oubliant qu'il avait en son temps plaidé pour la suspension du pacte de stabilité et de croissance.


Pro-BCE
Gerhard Schröder poursuit par une critique de la position trop « ordolibérale » de l'Allemagne dans cette crise, notamment de la part de la BCE, et défend les actions de Jean-Claude Trichet et Mario Draghi. « La clause de « no bail-out » (pas de renflouage d'un Etat) ne correspond pas à la réalité européenne », affirme-t-il, ajoutant que la « BCE a empêché l'explosion de la zone euro ».


Aide à la Grèce
Pour la Grèce, il plaide pour une stratégie de croissance en parallèle aux mesures d'économies. « La Grèce seule ne peut plus créer de la croissance », analyse-t-il. Mais il appelle aussi à la patience : « De par mon expérience avec l'Agenda 2010 [la série de réformes qu'il a mené aux débuts des années 2000, ndlr], je puis dire que de tels réformes prennent plusieurs années avant de produire ses fruits », dit-il, non sans amertumes. Car si chacun en Allemagne reconnaît aujourd'hui l'importance de ses réformes, à l'époque, elles lui avaient coûté politiquement cher.


Pour un SPD au centre
Il profite du reste de cet entretien pour tresser quelques louanges à cet agenda qui a « sensiblement augmenté l'image de l'Allemagne à l'étranger ». Il insiste sur l'importance du principe du lien entre assurance chômage et assurance sociale placé par les lois Hartz et estime que la baisse du chômage en est le fruit. Gerhard Schröder défend donc pour le SPD le positionnement qu'il avait défendu voici 15 ans : le « nouveau centre ». « Les élections seront gagnées au centre », rappelle-t-il, malgré la chute de 18 points du SPD entre le scrutin de 1998 et celui de 2009. « Le succès du SPD a toujours eu lieu lorsque sa politique sociale s'est bâtie sur la raison économique », affirme-t-il. Celui qui a ouvertement pris parti en France pour Nicolas Sarkozy estime ainsi qu'une tranche d'impôt à 75 % « ne peut être pris au sérieux par personne ». Une attaque à peine voilée à François Hollande.


« Agenda 2030 »
Pour finir, il défend l'idée d'un « Agenda 2030 » pour l'Allemagne afin de prendre en compte les effets du vieillissement de la population. Il plaide notamment pour un taux d'emploi plus élevé par une politique d'immigration « ciblée » et plus de femmes au travail.