Les économistes allemands confiants pour leur pays, inquiets pour la zone euro

Par Marina Torre  |   |  557  mots
AFP
La croissance allemande devrait être plus élevée que prévue, selon cinq instituts d'étude économiques du pays qui publient leur rapport de printemps ce jeudi. Mais le spectre de la crise de la dette dans la zone euro plane toujours. Et la réponse à lui donner ne fait pas consensus.

Le spectre de la crise plane toujours. Si la première économie d'Europe devrait voir son produit intérieur brut croître de 0,9% cette année et 2% en 2013, selon les prévisions des cinq instituts allemands, elle reste menacée par une nouvelle crise européenne. Une mise en garde similaire a été formulée par le FMI cette semaine.

Dans leur rapport servant de base aux estimations du gouvernement et remis ce jeudi, ces instituts tablent ainsi sur une croissance de 0,1 point plus élevé que lors de leur précédente estimation. Mais ils préviennent : "le plus grand risque de retournement pour le développement économique de l'Allemagne reste la dette et la crise de confiance dans la zone euro".

Selon ces économistes, avec sa politique consistant à ouvrir le robinet des liquidités, la Banque centrale européenne (BCE) a seulement réussi "à gagner du temps". Ils en appellent donc aux Etats afin qu'ils mettent en place les mesures du Pacte budgétaire visant à rétablir l'équiliber des comptes publics. Or, la ratification de cet accord européen est toujours en cours, suspendu en France aux résultats de l'élection présidentielle et en Irlande à celui d'un référendum.

Le rôle de la BCE divise les économistes allemands

"Les Etats doivent absolument se conformer au pacte fiscal afin de contribuer à la viabilité de leurs finances publiques", pressent les instituts allemands. Le moindre doute sur la question pourrait, d'après eux, faire flancher les marchés et entraîner de nouveau l'Europe dans la spirale de la crise. En outre, ils s'opposent à une politique monétaire "orientée par le membre le plus faible" autrement dit la Grèce hier, l'Espagne ou l'Italie demain. Ces instituts visent notamment les prêts sur trois ans aux banques privées accordés par la BCE qui la détourneraient de son travail principal : la lutte contre l'inflation. Sur ces points, ces organismes affichent leur consensus.

Toutefois, le rôle à attribuer à la BCE les divise. L'institut de recherche économique de Halle (IWH) et celui d'Essen (RWI) estiment que la Banque centrale européenne pourrait servir de garant "en dernier ressort" pour la dette des pays les plus en difficultés. Face à eux, deux autres instituts, IfW et Ifo, considèrent au contraire que ce mécanisme, dont les détails ne sont pas précisés, ne serait pas efficace. Il exposerait l'Allemagne, premier contributeur de la BCE en volume. Pire, il donnerait un mauvais signal aux pays ainsi aidés, en les décourageants de faire davantage d'efforts pour redresser leurs comptes publics.

L'exemple allemand ?

Sur cette question de la réduction de la dette, l'Allemagne a, elle aussi, des efforts à fournir, pointent les Instituts. Celle-ci représente 80% de son PIB, loin de l'objectif des 60% du Pacte budgétaire. Son déficit budgétaire, quant à lui, approche de l'équilibre visé. Il décroît passant à 0,6% du PIB en 2012 et 0,2% l'année suivante contre 1% en 2011.

A l'inverse de ses partenaires, l'Allemagne ne souffre pas d'une montée du chômage, au contraire. Le taux d'actifs en recherche d'emploi devrait passer de 7,1% l'an dernier à 6,6% en 2012 et 6,2% l'année suivante, selon ces prévisions. Cette bonne santé du marché du travail en Allemagne, résulterait des effets des réformes passées d'après les Instituts.