Le fisc italien ne relâche pas la pression sur les fraudeurs

Par latribune.fr (Source AFP)  |   |  504  mots
Copyright Reuters
Entre janvier et avril, la police financière italienne a déjà identifié plus de six milliards d'euros de revenus cachés au fisc et 2.192 fraudeurs. Le gouvernement de Mario Monti a placé aux premiers rangs de ses priorités la lutte contre l'évasion fiscale.

Des revenus cachés au fisc pour plus de six milliards d'euros ont été découverts entre janvier et avril. Quelque 2.192 fraudeurs, menant pour certains grande vie, ont été démasqués en Italie, a annoncé vendredi la police financière italienne dans un communiqué. Sur la même période, lors des contrôles effectués par les policiers, des fraudes à l'IVA (TVA, taxe à la valeur ajoutée) ont été relevées pour 650 millions d'euros.

Le gouvernement de Mario Monti a placé aux premiers rangs de ses priorités la lutte contre l'évasion fiscale. Le fisc a procédé au recouvrement de 12,7 milliards d'euros en 2011, enregistrant une hausse de 15,5% sur un an. Des contrôles fiscaux surprise ont été organisés ces derniers mois dans des localités touristiques comme Cortina d'Ampezzo ou Capri, et dans les centre-villes très fréquentés de Rome et Milan. Les policiers contrôlaient l'émission de tickets de caisse par les commerces et restaurants et les particuliers circulant en luxueuses limousines.

Halte aux idées reçues

Contrairement aux idées préconçues, les Italiens déclarent de plus en plus leurs revenus réels au fisc, même si l'évasion, un fléau national, reste toujours très élevée, bien au-dessus de la moyenne européenne, selon Attilio Befera, directeur général du fisc italien. Selon les "Fiamme Gialle" ("les flammes jaunes", surnom de la police financière lié à leur emblème), il est difficile de tracer un portrait-robot des fraudeurs car s'ils paradent souvent à bord de grosses cylindrées et vivent dans de luxueuses villas, leurs profils sont variés.

Ainsi, 25% des fraudeurs qui ont été démasqués début 2012 étaient propriétaires de locaux commerciaux, 22% travaillaient dans la construction, 11% dans les activités manufacturières, 5,5% dans l'hôtellerie et la restauration.

Des exemples édifiants

La police financière cite de nombreux exemples de fraudes de grande ampleur: un bar renommé dans la station alpine de Thuile, près de Courmayeur, avait omis de déclarer 350.000 euros de recettes sur les cinq dernières années. La meilleure pâtisserie de Reggio de Calabre avait caché au fisc 400.000 euros ces deux dernières années, et employait des personnes "au noir".

Un aubergiste de Grado, dans le Nord-Est de l'Italie, a déclaré aux policiers avoir "oublié" de déclarer la modique somme de 500.000 euros. Même chose pour des sociétés gérant des cabarets et un bowling à Rome, qui ont "oublié" respectivement 3,6 millions et 4 millions d'euros.

Une dame de Ravenne qui possédait deux Porsches et une villa luxueuse, et descendait dans des hôtels cinq étoiles, prétendait que ses revenus provenaient de cadeaux reçus dans le passé. Mais les enquêteurs du fisc ont découvert une autre réalité: elle jouait clandestinement un rôle d'intermédiaire pour le compte d'une grosse société implantée dans le nord de l'Italie. Ses revenus ainsi accumulés atteignaient environ 2 millions d'euros.