Angela Merkel décoince son discours sur la croissance en Europe

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  536  mots
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Si la chancelière allemande s'oppose toujours à de nouvelles négociations sur le traité budgétaire européen, elle a dessiné, dans un entretien à un quotidien publié ce samedi, les contours d'un futur "agenda croissance" pour le sommet européen qui se tiendra les 28 et 29 juin prochain.

Après l'évocation d'un "pacte de croissance" par Mario Draghi mercredi dernier, Angela Merlel prépare un "agenda croissance". Dans un entretien au quotidien allemand "Leipziger Volkszeitung" publié ce samedi, la chancelière allemande a montré qu'elle aussi commençait à se convertir à l'idée de la relance. Elle se dit en effet favorable à un renforcement des capacités de la Banque européenne d'investissement (BEI), à une utilisation plus flexible du Fonds d'infrastructure de l'Union européenne et à des "mesures structurelles (...) qui ne coûteraient pas d'argent". La chancelière a cependant réitéré qu'il "n'y (aurait) pas de nouvelles négociations sur le traité budgétaire européen". Interrogée sur d'éventuelles impulsions supplémentaires pour la croissance, Angela Merkel a dit: "elles sont à l'agenda dans l'UE depuis l'an passé. Plusieurs conseils européens s'en sont déjà très concrètement occupés, pour le conseil de juin nous préparons un agenda croissance".

Une rencontre en chefs d'Etat avant le sommet européen

S'exprimant lors d'un colloque à Bruxelles, le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy avait annoncé jeudi qu'une rencontre non prévue jusqu'ici des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pourrait se tenir avant un sommet programmé lui de longue date les 28 et 29 juin. Une réunion pour commencer à définir les contours d'une stratégie de croissance alors que les appels se multiplient pour faire redémarrer l'économie de l'Union et équilibrer l'austérité budgétaire.

"Je n'exclus pas d'organiser un dîner informel des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 afin de préparer le Conseil européen de juin", avait-il affirmé, sans donner plus de précision sur le calendrier. Clairement, cette réunion extraordinaire interviendrait après le deuxième tour de l'élection présidentielle, selon une source diplomatique, alors que le favori des sondages, le socialiste François Hollande a fait de la croissance son viatique.

"Il n'y aura pas de nouvelles négociations sur le traité budgétaire"

Concernant les souhaits du candidat socialiste et favori à la présidentielle française, François Hollande, d'ajouter un volet croissance au Pacte budgétaire européen, Angela Merkel a dit une fois de plus: "il n'y aura pas de nouvelles négociations sur le traité budgétaire. 25 chefs du gouvernement l'ont signé. Au Portugal et en Grèce, il a déjà été ratifié, en Irlande il fera l'objet d'un référendum fin mai". Et d'ajouter: "Dans beaucoup de pays membres, aussi en Allemagne, le traité budgétaire est dans les mains des parlements".

Sur l'antenne de France Info, le professeur d'économie à l'université Paris Dauphine Jean-Hervé Lorenzi a nuancé les déclarations d'Angela Merkel. "La nouveauté c'est qu'elle ait parlé de croissance, la difficulté c'est qu'elle est campée sur la position de ne rien modifier des instruments existants c'est à dire la Banque centrale européenne et la mise en place d'une règle d'or systématique en Europe", a t-il indiqué.

Pour aller plus loin : Lire dans La Tribune Hebdo numéro 3 le dossier "Dessiner l'Europe" et notamment "Les rouages du nouveau traité budgétaire et de gouvernance". Disponible en kiosque ou ici pour les abonnés