La Grèce devra sans doute à nouveau voter

Par Romaric Godin  |   |  602  mots
Fotis Kouvelis, chef de Dimar. Copyright AFP
Après que le Dimar, petit parti de la gauche démocratique, a annoncé qu'il ne participerait pas à une coalition avec le Pasok et la Nouvelle démocratie, Evangelos Venizelos a dû reconnaître à son tour son échec à former un gouvernement de coalition. Désormais, l'organisation de nouvelles élections semble inévitable et la gauche radicale pourrait en profiter. Dans le même temps, Berlin commence à préparer l'opinion à une possible sortie de la Grèce de la zone euro.

L'espoir aura été de courte durée. Le parti de la gauche démocratique (Dimar) a prévenu ce vendredi midi qu'il ne participerait pas à un gouvernement d'union nationale. Pour Evangelios Venizelos, c'était en réalité sa dernière chance de former un gouvernement qui s'effondrait. Le chef du Pasok social-démocrate, a dû annoncer en fin de journée son échec à former un gouvernement de coalition. Pourtant, jeudi, il avait cru pouvoir déceler de « bons présages » après sa discussion avec Fotis Kouvelis, le chef de Dimar.

Mais le Dimar, un parti de gauche modérée issu d'une scission de la coalition de la gauche radicale Syriza, ne veut pas apparaître comme la « rustine » d'une alliance pro Pasok-Nouvelle Démocratie (ND). D'autant que ce parti a obtenu un résultat décevant dimanche dernier avec 6,1 % des voix et 19 députés alors que les derniers sondages lui donnaient 8 à 9 % des voix. « Nous avions dit clairement que nous ne voulions pas soutenir un gouvernement d'austérité », a expliqué Fotis Kouvelis vendredi.

Syriza reste ferme

Evangelios Venizelos devait encore consulter Antonis Samaras, le chef de la ND arrivée en tête dimanche, et Alexis Tsipras, le leader de Syriza. Mais cette dernière exigeait toujours l'abandon des engagements signés dans le protocole d'accord avec l'UE, le fameux mémorandum qui prévoit des mesures d'austérité. Dimar était, en réalité, le seul parti capable d'apporter un soutien à une coalition ND-Pasok. Mais en agissant ainsi, il s'exposait à imploser lui-même et à se faire attaquer par Syriza et le parti communiste KKE, les deux autres partis de gauche qui le jugeraient complice des mesures d'austérité. Déjà, dans le sondage publié jeudi par la chaîne de télévision Alpha, il apparaissait que Dimar n'obtiendrait plus que 4,2 % des voix. Après l'échec des socialistes à former un gouvernement de coalition, il reste au président de la république la possibilité de tenter à son tour de rassembler une majorité; ou, hypothèse plus probable, à annoncer la tenue de nouvelles élections.

En réalité, le refus du Dimar est la preuve que les formations politiques grecques préparent déjà ces nouvelles élections qui devraient avoir lieu à la mi-juin. Selon le sondage déjà cité, Syriza serait largement en tête avec 24 % des voix, la ND reculerait un peu à 17 % et le Pasok encore à 11 %. Alexis Tsipras deviendrait alors incontournable dans la formation du prochain gouvernement et le mémorandum serait lettre morte. La question d'une sortie de la zone euro se poserait alors clairement, même si officiellement Syriza ne le souhaite pas. On comprend cependant que dans l'immédiat, l'intérêt de Syriza n'est pas d'éviter de nouvelles élections.

L'Allemagne prépare l'opinion

En tout cas, l'idée d'une sortie de la Grèce semble faire son chemin. Ce vendredi matin, le ministre fédéral allemand des Finances Wolfgang Schäuble a estimé désormais possible une telle perspective. Il a estimé que le risque de contagion « a reculé ». « Je crois que la zone euro peut supporter une sortie de la Grèce, les conséquences immédiates seront faibles », a-t-il indiqué. La fédération bancaire allemande a également jugé que le départ des Grecs de l'euro était « gérable » pour le reste de l'UEM. Bref, progressivement, on semble vouloir habituer les esprits à cette perspective. Dans le même temps, on agite ainsi le chiffon rouge de l'abandon du pays par ses partenaires européennes. Histoire de convaincre les Grecs de « bien voter » la prochaine fois. Pas certain que la recette fonctionne.