Les pays malades de la zone euro baissent leur coût du travail

Par Robert Jules  |   |  568  mots
Copyright Reuters
A l'exception de l'Italie, les coûts unitaires de la main d'œuvre sont en train de se réduire chez les membres de la zone euro en difficulté : Grèce, Portugal, Irlande et Espagne. Dans l'impossibilité de pouvoir faire une dévaluation compétitive, l'amélioration de cet indicateur traduit une augmentation de la compétitivité, même s'il ne règle pas tous les problèmes de la zone euro.

Dans le rapport de l'OCDE sur les perspectives économiques publié mardi, un point est fait sur l'évolution des coûts unitaires de travail dans la zone euro. Les experts de l'organisation notent : « Les économies aujourd'hui soumises aux pressions des marchés, dans lesquelles le dispositif de la politique structurelle a le plus souvent freiné la croissance tendancielle, ont trop misé sur la demande intérieure pour alimenter la croissance, et la dette privée et publique s'y est rapidement accumulée. » Cette description est celle des pays qui aujourd'hui bénéficient d'une aide de l'Europe et du FMI comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal, mais aussi de ceux, plus importants, comme l'Espagne et l'Italie.

Décrochage des salaires par rapport à la compétitivité

Cette évolution s'est aussi traduite sur le marché du travail de ces membres de la zone euro. « Parallèlement, le décrochage des salaires par rapport à la productivité s'est amplifié, entraînant des pertes de compétitivité externe et un gonflement de la dette extérieure », souligne les experts de l'OCDE. Or comme ces pays ne peuvent pas avoir recours à la dépréciation de la monnaie commune, la compétitivité ne peut se faire que par la baisse du coût du travail pour produire à un prix plus faible, et redevenir compétitif.

Or, comme on peut le constater dans le graphique ci-dessus, « hormis en Italie, les coûts unitaires de main-d'?uvre des pays présentant un déficit extérieur baissent depuis 2009, et en 2013, ils devraient s'être sensiblement rapprochés de ceux de la majorité des pays de la zone euro », indique le rapport de l'OCDE, tout en avertissant « même s'il faudra beaucoup d'efforts aux uns comme aux autres pour s'aligner sur les coûts de l'Allemagne. » Par définition, le coût unitaire de main d'?uvre est le coût total (salaires brut plus l'ensemble des charges sociales multiplié par le nombre de salariés) divisé par les quantités produites.

La Grèce devrait améliorer le volume de ses exportations

L'amélioration de cet indicateur devrait ainsi permettre à la Grèce de retrouver de la compétitivité sur le marché international en augmentant ses exportations, et de réduire son déficit commercial. Selon l'OCDE, les exportations de la république hellénique devraient progresser en volume de 3,7% cette année, et de 6,9% en 2013.
En revanche, cette compétitivité par le coût de travail risque de peser sur la demande intérieure et limiter une reprise de la croissance. Aux yeux des experts de l'OCDE, les pays réalisant une excédent commercial doivent en effet à leur tour procéder à des actions pour favoriser l'ajustement, c'est au premier chef, le cas de l'Allemagne.

Ces membres doivent « accroître leur absorption interne et réorienter leurs ressources des secteurs exportateurs vers ceux qui sont à l'écart du commerce international. L'ajustement impliquera probablement un relèvement des salaires nationaux et une augmentation de la consommation privée », souligne ainsi le rapport. C'est par ce doublement mouvement entre les pays qui ont des balances commerciales excédentaires et ceux qui sont déficitaires que le rééquilibrage pourra se faire. Toutefois, une telle réorientation devrait prendre un certain temps indique l'OCDE. En effet, la convergence des coûts unitaires de la main d'?uvre devrait devenir de plus en plus difficile à réaliser.