L'OCDE relève la prévision de croissance française mais reste inquiète pour la zone euro

L'OCDE a revu mardi en hausse sa prévision de croissance pour la France cette année à 0,6% contre une précédente estimation de 0,3% donnée en novembre. En revanche, la zone euro devrait afficher un léger recul de son PIB (-0,1%).
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2012 sera une année difficile pour la croissance dans la zone euro. Les dernières estimations de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), publiées ce mardi, prévoient un léger recul du PIB de la zone cette année, à -0,1%contre +0,2% lors de la dernière estimation, en novembre. L'OCDE estime que la zone euro reste "la plus importante source de risques pour le monde".

En revanche, au sein des 17 pays qui partagent la monnaie unique, la France s'en sortirait un peu mieux que prévu. L'OCDE a revu sa prévision à la hausse, à 0,6% contre une précédente estimation de 0,3% donnée en novembre. Cette estimation est très proche de celle du nouveau chef de l'Etat François Hollande qui prévoit une croissance de 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012. Pour 2013, l'OCDE prévoit une croissance de 1,2%, un chiffre inférieur à celui sur lequel François Hollande a fondé son programme économique et de réduction du déficit public (1,7%). "Le taux de chômage pourrait atteindre un pic de 10,5% début 2013 et ne reculer que lentement ensuite", prévoit l'OCDE.

Les entreprises françaises ont des marges et des taux d'autofinancement très bas

"Tandis que la formation de capital et les crédits accordés aux sociétés non financières ont résisté à la tourmente, les marges des entreprises et leur taux d'autofinancement sont tombés à des niveaux bas. De ce fait l'investissement des entreprises et le chômage devraient être plus encore que jusqu'à présent affectés par la faiblesse de la demande", note le rapport. "Les entreprises allemandes ont un avantage sur les entreprises françaises. Elles disposent d'un véritable 'pricing power'. Compte tenu la compétitivité hors prix de leurs produits, elles peuvent fixer des prix qui leur garantit un niveau de marge d'autant plus confortable que les rémunérations des salariés ont été controlées depuis le début des années 2000. Ce qui n'a pas été le cas en France ", explique Philippe d'Arvisenet chez BNP Paribas. Il s'élevait à 41,3% de l'excédent brut d'exploitation en 2010 en Allemagne et de 29,2% en France...

Si le gouvernement devrait atteindre son objectif de déficit public de 4,5% du PIB cette année, la réduction à 3% à laquelle s'est engagée la France pour 2013 est "un vrai défi", selon le club de pays riches, qui estime que la majeure partie de l'effort doit se faire en France sur les dépenses, "déjà très élevées en proportion du PIB". "Le moment est maintenant venu de mener de profondes réformes", lance l'OCDE au nouveau gouvernement, citant l'éducation et le marché du travail et des produits. "Il y a également largement la place pour rééquilibrer la structure de la fiscalité en baissant les charges sur le travail, en éliminant des dépenses fiscales inefficaces et en accroissant les impôts sur la propriété, la succession et les taxes environnementales", suggère-t-elle.

"Certes, le défi est relevé mais la France peut compter sur de nombreux atouts", rappelle Hélène Baudchon chez BNP Paribas, parmi lesquels une démographie dynamique, une économie équilibrée sur le paln sectoriel, un savoir-faire incontesté dans de nombreux domaines (aéronautique, luxe, santé...), un coût de financement très bas et un endettement du secteur privé jugé très "raisonnable". "pour reprendre l'expression de Valery Giscard d'Estaing, la France reste une grande puissance moyenne", insiste l'économiste. 

L'OCDE estime qu'une politique monétaire conciliante associée à une baisse de l'épargne des ménages devrait "en partie contrecarrer l'impact négatif sur la demande de la consolidation budgétaire". Mais "les tensions dans la zone euro génèrent une forte incertitude sur les perspectives économiques et un scénario beaucoup plus sombre reste plausible", avertit-elle.

L'économie mondiale redémarre progressivement mais la reprise est fragile et inégale

Même si la zone euro n'en finit plus d'inquiéter, l'institution estime que l'économie mondiale redémarre progressivement. En revanche, cette reprise est fragile et extrêmement inégale selon les régions. Dans la zone de l'OCDE, le PIB devrait ralentir, revenant de 1,8% en 2011 à 1,6% en 2012, avant de repartir à la hausse pour s'établir à 2,2% en 2013. Les prévisions de la croissance mondiale, elles, restent à 3,4%, la même estimation qu'en novembre, en partie grâce à un optimisme retrouvé pour les Etats-Unis, qui devraient afficher une croissance de 2,4%, alors que l'OCDE tablait sur 2,0% en novembre dernier. En 2013 la croissance reprendrait en zone euro avec un taux d'expansion de 0,9% et s'accélérerait dans le monde à 4,2% et à 2,6% aux Etats-Unis.

"L'économie mondiale essaye une fois de plus de retrouver la croissance, aidée par une modeste reprise du commerce et une amélioration de la confiance. Elle le fait néanmoins à des rythmes différents, les Etats-Unis et le Japon bénéficiant d'une croissance plus robuste que dans la zone euro tandis que les grands pays émergents connaissent une reprise cyclique modérée", résume le rapport. L'économiste en chef souligne les disparités de situation du marché du travail, avec aux Etats-Unis une lente décrue du chômage qui au contraire continue d'augmenter dans la zone euro. L'OCDE prévoit ainsi que le chômage atteindra 8,1% cette année et 7,6% l'an prochain aux Etats-Unis, et respectivement 10,8% et 11,1% en zone euro.

Quelles solutions ? Des politiques de rééquilibrage de la croissance en zone euro

L'institution déplore une expansion dans les pays "en meilleure santé" de la zone euro "bienvenue mais insuffisante" pour contrebalancer une croissance "plate ou négative" ailleurs. Il suggère de s'attaquer à la faible compétitivité des pays en déficit et de procéder à des "ajustements structurels" et "une hausse des salaires" dans les pays jouissant d'excédents afin de "contribuer à un rééquilibrage favorable à la croissance".

L'Allemagne, première économie de cette région, devrait "après un départ en force au début de l'année, voir son activité continuer de croître, portée par une amélioration de la confiance et un renforcement de la demande interne", note le rapport.  L'Italie qui, "depuis fin 2011", "a mené des réformes structurelles significatives" devrait connaître de son côté une contraction de son Produit intérieur brut (PIB) de 1,7% cette année - quand l'institut national italien prévoit -1,5% ce mardi et le gouvernement de Mario Monti -1,2% - et de 0,4% l'an prochain avec des taux de chômage respectifs de 9,4% et 9,9%. L'Espagne aussi devrait continuer à voir son activité réduire sur les deux prochaines années avec des baisses de 1,6% puis 0,8%. L'OCDE y prévoit un taux de chômage supérieur à 25% en 2013.

Commentaires 6
à écrit le 23/05/2012 à 5:14
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Pas de croissance sans décrue fiscale. Autrement dit, c'est pas pour demain !

à écrit le 22/05/2012 à 16:50
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Marrant sur le Monde et sur le Figaro, il y a deux articles sur l'OCDE qui se déclare pour les euro-obligations. Pas un mot sur la Tribune, un oubli?

à écrit le 22/05/2012 à 14:46
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"Le moment est maintenant venu de mener de profondes réformes", lance l'OCDE au nouveau gouvernement, citant l'éducation et le marché du travail et des produits." 60 000 profs de plus, fini l'auto-entreprise... Ils ne vont pas être déçus !

à écrit le 22/05/2012 à 13:15
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Malheureusement la France a toujours de lourds handicaps comme sa fonction publique tentaculaire, son organisation administrative du siècle dernier, son code du travail obsolète, ses fameuses 35 heures, ses corporatismes (syndicats, professions proté...

le 22/05/2012 à 14:04
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c'est hélas bien vrai, mais quel gouvernement osera s'attaquer aux réformes structurelles nécessaires ?

le 22/05/2012 à 16:54
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Sarko après 5 ans de hollande !!!! Voilà ce qy'il en coûte de vouloir réformer la france .....

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