Quand Madrid et la BCE se testent à distance sur le délicat dossier Bankia

Par Agathe Machecourt  |   |  414  mots
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La Banque centrale européenne (BCE) aurait "rejeté" le plan espagnol d'aide à Bankia. Une information démentie par Madrid comme par la BCE, qui trahit une lutte à distance entre les deux parties.

Le feuilleton Bankia continue. Et l'épisode du jour a commencé sur les chapeaux de roues avec la Une du Financial Times. Le quotidien économique révèle en effet que la Banque centrale européenne (BCE) aurait "rejeté" le plan espagnol d'aide à Bankia, au motif que le modèle proposé par Madrid reviendrait in fine à un financement de l'État espagnol par la BCE, ce qui est contaire à ses statuts. Pour recapitaliser Bankia - qui a besoin pour se renflouer de 23,5 milliards d'euros dont 19 milliards restent encore à trouver-, Madrid avait émis lundi de la dette pour la fournir à BFA, sa maison-mère - qui a par ailleurs annoncé mardi un déficit abyssal. Une décision de l'État espagnol qui révélait que le Fonds de garantie des banques espagnol (Frob) mis en place en février et qui disposait de 5 milliards d'euros n'était plus en mesure de prêter directement aux banques pour satisfaire leurs besoins. La BCE aurait jugé ce plan "inacceptable", selon le quotidien britannique.

Or, cette information a été aussitôt démentie par Madrid par la voix du ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos : "Le gouvernement espagnol n'a présenté aucun plan à la BCE et la BCE n'a rien rejeté", a-t-il affirmé. Information également niée par la BCE : "La Banque centrale européenne n'a pas été consultée et n'a pas encore exprimé sa position sur les plans espagnols de recapitalisation" de Bankia, assure l'institution européenne qui se dit cependant "prête à prêter conseil sur le développement de tels plans".

Le quotidien britannique aurait-il donc perdu la tête ? Madrid et la BCE démentent certes l'information, mais cette affaire n'est pas anodine et révèle que le gouvernement espagnol et la banque centrale se testent à distance. Madrid cherche les limites de la BCE qui, elle, tâche de faire reculer le gouvernement espagnol sur un plan qui n'est pas acceptable au regard de ses statuts mais qu'elle ne semble pas techniquement en mesure de refuser. Preuve en est le cafouillage du service de presse de la banque centrale qui a dû s'y reprendre à deux fois avant d'envoyer le bon communiqué. "Il doit être noté, cependant, que les fonds nécessaires aux banques pour être en conformité avec les exigences de fonds propres, ne peuvent être fournis par l'Eurosystème", écrivait la BCE dans sa première version. Une phrase qui a mystérieusement disparu lors du second envoi.