Pour voler au secours de ses partenaires européens, l'Allemagne s'endette

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  423  mots
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Mise à contribution pour aider ses partenaires européens à la peine, l'Allemagne va devoir s'endetter un peu plus que prévu dans les mois à venir : l'entrée en vigueur du mécanisme de sauvetage européen (MES) doit avoir lieu avec un an d'avance.

Le plus gros contributeur du mécanisme européen de stabilité (MES) va devoir lever trois milliards d'euros de plus que prévu au troisième trimestre, a annoncé l'Agence financière, gestionnaire de la dette allemande, soit un total de 71 milliards.

Déficit budgétaire revu à la hausse

L'entrée en vigueur anticipée d'un an du mécanisme européen de sauvetage MES va se traduire pour la première économie européenne par une contribution de 8,7 milliards d'euros le mois prochain. Ainsi, Berlin qui doit combler le trou creusé par les aides consenties aux autres membres de la zone euro par de nouveaux emprunts, a dû revoir son estimation de déficit budgétaire, à 32,1 milliards d'euros contre 26,1 milliards initialement prévus. "Grâce à un rehaussement modeste des volumes (d'émission de dette), (l'Allemagne) apporte une contribution importante à la stabilisation de l'euro", s'est félicité le président de l'Agence, Karl-Heinz Daube, dans un entretien à l'AFP.

Des taux très bas, signe de confiance des investisseurs

D'autant que pour l'Allemagne, s'endetter sur le marché n'est pas un problème : les titres allemands font figure depuis des mois de havre de sécurité, alors que le reste de la zone euro s'embrase, bien qu'ils aient amorcé depuis le début du mois de juin une remontée. Les taux de la dette allemande restent les plus bas, sur le marché primaire comme sur le marché secondaire, où s'échangent les titres déjà émis. Le Bund à dix ans, titre de référence du marché obligataire, affichait lundi dans un rendement de 1,463%, comparé à 6,637% pour son pendant espagnol et 2,570% pour les titres français de même échéance. "Les taux ont évolué ces derniers trimestres à des niveaux historiquement bas sur toutes les maturités", a confirmé Karl-Heinz Daube, évoquant "une véritable fuite" des investisseurs vers les titres émis par son institution.

L'Allemagne supportera-t-elle le poids du sauvetage ?

Mais ces derniers temps, alors qu'elle est sollicitée de toute part, des craintes sont apparues sur la capacité de l'Allemagne à supporter le poids du sauvetage de ses partenaires, dont un cinquième, Chypre, vient de demander de l'aide. Le français Carmignac Gestion, l'une des sociétés d'investissement indépendante les plus importantes d'Europe avec près de 50 milliards d'euros d'actifs gérés, a annoncé la semaine dernière qu'il s'était totalement désengagé des Bunds allemands, jugeant que ceux-ci pourraient perdre leur statut de valeur refuge si le pays devait endosser le coût d'une aggravation de la crise.