L'Allemagne invite la France à l'imiter

Par Marc Meillassoux, à Berlin  |   |  409  mots
Les rencontres entre le ministre français de l'Economie Pierre Moscovici et le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble (photo) tournent de plus en plus au dialogue de sourds sur les options européennes. Copyright Reuters
Alors que la conjoncture économique se détériore en France, l'Allemagne observe, inquiète.

Angela Merkel, jusque-là restée prudente dans ses déclarations,semble vouloir préserver le peu qui reste de la solidité du couple franco-allemand. Mais en Allemagne, la grogne monte. De la rencontre entre le ministre de l'Economie Pierre Moscovici et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui se sont opposés sur à peu près tous les sujets, aux petites phrases de l'ancien chancelier socialiste Gerard Schröder sur « les promesses électorales (de François Hollande, qui) éclateront face à la réalité économique », en passant par la rumeur d'une étude sur la France commandée par Schäuble aux sages allemands, ces dernières semaines ont été le théâtre d'un retour des tensions entre les deux premiers pays de la zone euro.

Lundi, le quotidien conservateur die Welt parle d'un « président sans boussole » dont la stratégie politique s'apparenterait au complexe « graphisme pluridimensionnel de l'apprenti-sorcier Q cherchant à déchiffrer un puissant virus, dans le dernier James Bond,Skyfall ». Le quotidien s'en prend également au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, « un clown politique, qui s'agite à la moindre occasion contre les entrepreneurs. »

Les milieux économiques allemands inquiets

Au-delà des politiques, les acteurs économiques outre-Rhin semblent également soucieux de l'état du premier partenaire. «Les milieux financiers sont clairement inquiets aujourd'hui. Quand nous discutons avec les investisseurs, la question de la France revient systématiquement sur le tapis et suscite de fortes interrogations », explique à la Tribune Marco Wagner, analyste chez Commerzbank. Auteur de plusieurs études sur la conjoncture française, il cite les problèmes structurels du marché du travail, le manque de compétitivité et le coût du travail. Certains patrons mettent également en cause la passivité du président, alors que le temps serait compté.

« Aveuglement »

« Nous sommes nombreux à être particulièrement irrités par l'aveuglement du président français. L'économie ralentit, les exportations reculent et le déficit public continue de grandir : l'étau se resserre chaque jour », écrit Bernd Ziesemer, publicitaire reconnu en Allemagne, dans la Handelsblatt. L'attitude de François Hollande lors des sommets européens semble également agacer: « Mr Hollande se présente toujours comme s'il avait une puissante marge de man?uvre politique, critique Mme Merkel au lieu de l'imiter et se fait le porte-parole des Etats du sud », ajoute M. Ziesemer. Pour lui comme pour d'autres, il ne reste plus qu'une chose à faire pour François Hollande : se muer au plus vite en Gerhard Schröder.