Quand Berlin balaye les passages critiques sur la pauvreté d'un rapport ministériel

Par latribune.fr  |   |  371  mots
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Selon le Süddeutsche Zeitung, le gouvernement allemand a édulcoré un rapport quadriennal sur la richesse et la pauvreté dans le pays élaboré par le ministère du Travail, allant jusqu'à supprimer des passages critiques sur le creusement des inégalités.

"Le patrimoine privé en Allemagne est très inégalement réparti." Cette affirmation, qui figure dès l?introduction d?un rapport quadriennal sur la richesse et la pauvreté en Allemagne a tout simplement? disparu dans sa version finale. C?est ce qu?a constaté le Süddeutsche Zeitung, qui s?est procuré une copie de ce rapport du ministère du Travail avant qu?il ne soit retouché.

Dans la même veine, certaines précisions factuelles, ont été gommées. Ainsi, relève le quotidien, la phrase "en Allemagne en 2010, près de 4 millions de personnes travaillaient pour un salaire horaire brut de moins de 7 euros" a disparu.

Une prose remaniée

Mais ce n?est pas tout. Dans certains cas, la prose a été largement remaniée à l?avantage du gouvernement. Ainsi, une phrase qui dénonçait initialement  la baisse des salaires réels ces dix dernières années pour les personnes à faibles revenus perçoit désormais ce déclin comme "le signe d'améliorations structurelles" du marché du travail. Comment cela? Grace à la création de nombreux emplois à bas salaires entre 2007 et 2011, qui auraient permis le retour à l'emploi de chômeurs, nous explique le rapport.

D?après le Süddeutsche Zeitung, le ministre libéral (FDP) de l'Economie, Philipp Rösler, aurait notamment fait signifier que la première version du rapport du ministère du Travail, contrôlé par la chrétienne-démocrate (CDU) Ursula von der Leyen, ne cadrait pas avec l'opinion du gouvernement. Interrogé par l?AFP, une porte-parole du ministère du Travail assure pourtant que "ce n'est pas un rapport édulcoré". Explications: "Les modifications ont été prises après concertation des différents ministères", un processus "normal", d'autant plus que le rapport est dense - plus de 500 pages - et son domaine très large, argue-t-elle.

La pauvreté, talon d?Achille de Berlin

Mais n?en déplaise à Berlin, la pauvreté demeure le talon d?Achille du pays. Mi-octobre, l'office fédéral des Statistiques Destatis a annoncé que 15,8% de la population allemande, soit 12,8 millions d'habitants, étaient en 2010 menacés par la pauvreté. Cette proportion est en hausse régulière depuis 2008 où elle était de 15,5%.