Et si l'Espagne n'avait plus besoin d'aide de l'Europe

Par Romaric Godin  |   |  461  mots
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La banque britannique Barclay's estime que le « pire » est « probablement derrière nous » concernant l'Espagne. La BCE entretient la confiance, mais la situation économique demeure très difficile.

L'Espagne pourrait avoir échappé définitivement aux attaques du marché. C'est du moins ce que pensent les équipes de la banque britannique Barclays dans une étude publiée ce vendredi. Selon ces analystes, « le pire est probablement derrière nous concernant l'Espagne. » Barclays considère même qu'il est improbable désormais que l'Espagne demande l'aide du Mécanisme Européen de Stabilité (MES), l'institution chargé de soutenir les Etats de la zone euro.

La menace de l'OMT

La clé de ce succès, c'est pour Barclays, le programme de rachat illimité d'obligations d'Etat de la BCE, baptisé OMT, annoncé en septembre dernier. « Dès octobre 2012, les investisseurs non résidents étaient à nouveau des acheteurs nets d'obligations espagnoles », rappelle la note. Certes, la croissance ne permettra pas de réduire autant qu'attendu le déficit budgétaire, mais « probablement pas suffisamment pour enflammer à nouveau les craintes des investisseurs. » « La menace d'une activation de l'OMT peut être suffisante pour décourager les investisseurs de prendre des positions contre l'Espagne dans une dimension comparable à celle du premier semestre 2012. » Bref, la menace de la BCE aura suffi, et c'est exactement ce que voulait Mario Draghi.

Croissance encore négative en 2013

Reste néanmoins que la BCE ne peut résoudre le fond du problème, celui de la croissance espagnole. Et sur ce plan, Barclays dresse un tableau guère rassurant. Certes, la baisse du coût du travail et le possible excédent courant sont des éléments encourageants, mais « il n'y a pas encore de vrais signes d'une stabilisation de l'activité économique. » Les secteurs privés et publics continuent à se désendetter, le chômage à grimper et la bulle immobilière à se dégonfler. Dans ces conditions, l'amélioration de la compétitivité extérieure est insuffisante pour rétablir la croissance. Le PIB espagnol pourrait continuer à se contracter jusqu'au premier trimestre 2014. Autrement dit à une échéance incertaine.

Consolidation budgétaire difficile

Barclays reconnaît que la consolidation budgétaire est difficile à mener en Espagne. Le rythme imposé par l'Europe - même avec un adoucissement obtenu l'an dernier - reste très soutenu : 6 points de pourcentage de déficit en moins d'ici à 2016. Le cercle vicieux qui conduit ce rythme de consolidation à affaiblir l'économie, donc à demander plus d'efforts de consolidation n'est donc pas encore rompu. L'optimisme de Barclays est sans doute justifié si l'on regarde sur les mois précédents, mais il semble hardi concernant l'avenir.

Tentations séparatistes

D'autant que la poursuite de la crise économique en Espagne va continuer à accroître les tensions politiques, notamment entre les régions. La tentation séparatiste de la Catalogne et, pourquoi pas, du Pays Basque pourrait porter atteinte à cette confiance qui est aujourd'hui le seul pilier sur lequel l'Espagne peut s'appuyer...