La France et l'Espagne font un tabac sur le marché de la dette

Difficile de croire qu'il y a seulement six mois, la crise des dettes souveraines de la zone euro était le principal souci des investisseurs. Aujourd'hui, l'Espagne a émis sans problème un peu plus de 4,5 milliards d'euros de dette. Le Portugal a confirmé qu'il avait la ferme intention de revenir sur le marché obligataire. Quant à la France, elle vient de lever près de 10 milliards d'euros sur les marchés.
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L'Espagne, dont la note n'est plus qu'à un cran de la catégorie spéculative chez Moody's, a levé 4,5 milliards d'euros à moyen et long termes aujourd'hui. Profitant d'une demande deux fois supérieure à l'offre de papier, le pays a bénéficié de taux en nette baisse dans un marché apaisé depuis le début de l'année, a indiqué la Banque d'Espagne. "Le déroulement de l'émission d'aujourd'hui indique que le Trésor se finance assez confortablement en ce début d'année, avec des taux en baisse sur toutes les échéances et une demande élevée de la part des investisseurs", soulignait jeudi le ministère de l'Economie dans un communiqué.

L'Espagne a déjà assuré 9 % de son financement pour 2013

Dans le détail; le Trésor espagnol a emprunté 2,409 milliards d'euros à trois ans à un taux moyen de 2,713% contre 3,358% lors de la précédente émission similaire le 13 décembre, 1,583 milliard d'euros à cinq ans à 3,77% contre 3,988% le 10 janvier et 512 millions à 28 ans à 5,696% contre 6,002% en mai 2011.  Le Trésor a d'ores et déjà levé 11,4 milliards d'euros à moyen et long termes, soit 9,4% du financement prévu cette année sur ces échéances (121,3 milliards), a précisé le ministère de l'Economie.

Le pays n'a toujours pas demandé l'aide européenne

Contrairement à ce qu'anticipaient les investisseurs cet été, l'Espagne n'a toujours pas eu besoin de demander l'aide européenne pour sauver son économie. La simple menace d'une intervention de la BCE via l'OMT, son nouvel instrument de rachat de dette souveraine sur le marché secondaire, a suffi à apaiser les tensions sur les taux espagnols. Jusqu'à quand? Certains analystes soulignent que le pays englué dans la récession depuis plus d'un an, frappé par un taux de chômage record de 25 % et engagée dans une cure historique d'austérité est toujours dans une situation critique.

Pour l'heure, la plupart des indicateurs de marché sont au vert : le rendement de l'emprunt d'Etat espagnol de référence à 10 ans s'établissait en fin de journée à 5,13 %, après avoir atteint plus de 7 % en juillet. Quant à la prime de risque sur la dette espagnole, mesurée par la différence entre les taux espagnols et allemands à 10 ans, elle était de 350 points de base, loin des records de l'été de quelque 650 points de base.

Un emprunt syndiqué portugais à 5 ans dans les jours qui viennent ?

Le Portugal a quant à lui confirmé son objectif de d'émettre des obligations souveraines à long terme cette année. "Notre objectif cette année est de revenir sur le marché (obligataire)", a déclaré jeudi le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho à Paris, ajoutant qu'il espérait obtenir "le soutien nécessaire de nos partenaires". Pedro Passos Coelho s'exprimait lors d'une conférence de presse commune avec François Hollande. Le président français a déclaré avoir "confiance dans le retour au marché du Portugal".

Le Portugal se préparerait à émettre un emprunt syndiqué à cinq ans dans les jours qui viennent, selon le quotidien portugais Diario Economico, qui cite des sources du marché. Selon Diario Economico, la décision d'émettre dépendra de l'accueil des investisseurs rencontrés aux Etats-Unis, de la réunion de l'Eurogroupe lundi prochain et de la statistique budgétaire de 2012. L'information est crédible. Un porte-parole du gouvernement portugais a dit que ce dernier avait autorisé l'agence nationale de la dette (IGCP) à émettre de la dette publique afin de tirer parti de l'amélioration de la confiance des marchés à l'égard de Lisbonne. Ni la date précise, ni le montant de l'éventuel emprunt syndiqué à cinq ans n'ont toutefois été confirmés.

La France s'endette toujours à bon compte

L'Agence France Trésor a émis de son côté jeudi 7,98 milliards d'euros de dette à deux, quatre et cinq ans, soit dans le haut de ses objectifs (7 à 8 milliards d'euros). La demande a totalisé 18,85 milliards d'euros et le ratio de couverture est ressorti à 2,4. L'Agence France Trésor a émis notamment une nouvelle souche de référence à 5 ans, l'OAT 1,0% mai 2018 pour un montant de 4,045 milliards d'euros, dont le coupon est le plus bas pour un titre de cette maturité émis par Paris. Depuis le 1er janvier, les nouveaux titres de maturité moyenne émis par la France s'appellent OAT et non plus BTAN, cette dernière appellation devant disparaître en principe en 2017, échéance du dernier BTAN de référence à 5 ans émis en 2012. Cette nouvelle OAT, comme tous les emprunts d'Etat de la zone euro créés depuis le 1er janvier, est assortie, conformément au traité de création du Mécanisme européen de stabilité, d'une clause d'action collective (CAC) qui permet s'il y a lieu à une majorité de créanciers d'imposer la restructuration de la dette d'un pays. L'AFT a aussi adjugé entre 1,686 milliard d'euros de titres d'OAT indexées sur l'inflation française (OATi) et sur l'inflation de la zone euro (OATei).

 

Commentaires 17
à écrit le 27/01/2013 à 12:35
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OUI oui, il me semblerai plus judicieux de faire un tabac sur le remboursement de la dette. Il y a une veille maxime dans notre pays « Qui paye ses dette s?enrichie » à Réfléchir calmement?.

à écrit le 18/01/2013 à 8:37
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Il serait intéressant de détenir la liste détaillée de tous ces investisseurs qui placent leur argent à un taux frisant le 0% d'intérêt par année ... (?)

le 18/01/2013 à 10:31
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C'est pas compliqué. Ce sont les banques centrales qui rachètent ces bouts de papier qui ne valent rien. Ou comment créer du fric depuis le néant pour alimenter le néant, cherchez la logique....

le 18/01/2013 à 11:38
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@lol : les banques centrales n'achetent rien... La BCE n'en as pas le droit sans la demande explicite du pays en questions et les autres banques centrales sont occupées ailleurs. Sauf la banque centrale de suisse qui finance certaine dettes indirecte...

le 18/01/2013 à 18:01
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Ah bon ? Pourtant, je pensais qu'elle le faisait sur le marché secondaire. Nous aurait-on menti ?

à écrit le 18/01/2013 à 8:14
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Il fait toujours très beau dans l'oeil du cyclone ! Mais...pour combien de temps ?

à écrit le 18/01/2013 à 4:37
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pourquoi gaver les étrangers , combien de sociétés françaises ou particuliers souhaiteraient bénéficier de ces taux pour faire marcher la machine France

à écrit le 17/01/2013 à 23:41
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Afin de faire baisser leur monnaie pour exporter, le Japon et La Suisse achètent énormément d'Euro dont les dettes Fr et Esp. A long terme, ce sont nos entreprises qui vont mettre la clef sous la porte.

à écrit le 17/01/2013 à 19:09
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Cela montre, à nouveau, la défiance dans les secteurs bancaires.

à écrit le 17/01/2013 à 18:47
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Plus l'économie réelle au niveau mondial se casse la gueule, et plus les cours des obligations et des actions grimpent. Cherchez l'erreur....

le 17/01/2013 à 19:06
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Parce que les marchés sont gavés de liquidités virtuelles. On leur donne des chiffres qui sont sensés être de l'argent avec une vraie contrepartie monétaire, ils l'investissent dans tout ce qu'ils trouvent. On leur prête à zéro pour cent, Donc, même ...

le 17/01/2013 à 19:23
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.lorsque vous avez beaucoup de liquidités à placer et que " tout ce casse la gueule" ne chercheriez vous pas a les placer là où vous pensez que vous pourrez le récupérer avec le maximum de sécurité ? Il se trouve que même fragiles, les États pourraie...

le 17/01/2013 à 19:37
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J'ai bien peur que tout ceci se finisse plus mal encore qu'en 2008....

le 17/01/2013 à 19:42
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Il est vrai que les pays occidentaux sont tellement solvables que leurs obligations constituent un placement vachement sûr. ... Votre commentaire me laisse pantois.... Moi, je pense surtout que ce sont les banques centrales qui s' amusent avec le fe...

le 18/01/2013 à 5:39
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L'histoire ne dit pas si ces mêmes acteurs ne sont pas entrain de créer une bulle de la main droite en s'assurant contre un défaut de paiement de la main gauche.

le 18/01/2013 à 9:02
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Les centaines de milliards de liquidités émises par les banques centrales ne vont pas dans l'économie réelle, ça pue !

à écrit le 17/01/2013 à 18:45
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Tout ca pour ca. On nous prend vraiment pour des ...idiots

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