Budget 2014-2020 : les dirigeants de l'UE en quête d'un difficile compromis

Par latribune.fr  |   |  566  mots
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Un sommet crucial pour l'avenir de l'Europe réunit jeudi et vendredi les dirigeants de l'UE. Leur objectif? Tenter de dépasser les égoïsmes nationaux pour doter le budget européen des moyens suffisants pour financer des investissements créateurs d'emplois jusqu'en 2020.

Une nouvelle fois, ils se retrouvent à la table des négociations. Les dirigeants de l'UE se réunissent jeudi et vendredi pour tenter d'arracher un compromis concernant le budget communautaire 2014-2020. Mais les négociations -qui trainent en longueur depuis de nombreux mois-, s'annoncent difficiles pour passer outre les égoïsmes nationaux.

C'est Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, qui va donner le coup d'envoi de cette énième table ronde sur le sujet. Dès l'ouverture du sommet, il va ainsi mettre sur la table une nouvelle proposition de budget. L'enveloppe serait de 960 milliards d'euros pour les crédits d'engagement, qui correspondent au plafond autorisé, et de 900 milliards d'euros pour les crédits de paiement, soit les dépenses effectives. La taille est particulièrement sévère, et pèse 13 milliards en moins sur les engagements et 43 milliards en moins pour les paiements par rapport à sa proposition de novembre.

Des coupes tous azimuts

Cette proposition apparaît conforme à ce que demandait le Premier ministre britannique David Cameron, qui ne raisonne qu'en termes de crédits de paiement, plus compréhensibles pour les citoyens. Et c'est également ce que souhaitait la chancelière allemande Angela Merkel.

Dans le détail, les coupes vont porter sur l'enveloppe destinée aux projets d'infrastructures, les frais de fonctionnement des institutions, les moyens d'actions du controversé Service d'action extérieure. Mais bien d'autres secteurs sont concernés, comme les budgets pour la Recherche et l'Innovation, l'aide au développement et l'aide destinée aux citoyens européens les plus pauvres.

Le Parlement européen fait grise mine

D'ores et déjà, le Parlement européen a boudé cette proposition. Venu présenter mardi sa vision de l'Europe aux députés, François Hollande, a été mandaté pour refuser un tel compromis: "Vous demandez à un socialiste d'empêcher les conservateurs de faire un mauvais budget", a-t-il lancé aux élus du Parti populaire européen qui l'avaient invité à user de son droit de veto. "Mais mon devoir est de rechercher un compromis", a expliqué le président de la République, en bon diplomate. Ainsi, toute la négociation ce jeudi va consister à remonter la proposition de Herman Van Rompuy afin de trouver un équilibre entre les positions les plus radicales et les lignes rouges du Parlement européen.

Une fois encore, les dirigeants européens sont sous pression. Dans sa lettre d'invitation, Herman Van Rompuy a prévenu: "il y a urgence à trouver un accord", a-t-il insisté. Outre l'image désastreuse pour l'Europe sur la scène internationale, un nouvel échec ferait des perdants. A commencer par l'Allemagne, qui joue un milliard d'euros, ce qui constitue le montant du rabais obtenu sur sa contribution pour la période 2007-2013. La France et le Royaume-Uni, en revanche, pourraient se satisfaire d'une absence d'accord. Le rabais obtenu par Londres est inscrit dans les traités. Surtout, pour Paris, ce serait l'assurance de conserver le même niveau pour les aides agricoles, ce qu'elle n'a pas obtenu avec l'actuel projet de compromis.

Quid du Mali ou des accords de libre-échange?

Reste que la question du budget risque fort de faire passer tous les autres sujets importants à la trappe, comme la situation au Mali, la stratégie pour aider au suivi des Printemps arabes, ou encore la négociation des accords de libre-échange, notamment avec les Etats-Unis.