L'adieu au welfare state du roi des Pays-Bas

Par Romaric Godin  |   |  666  mots
Guillaume-Alexandre, roi des Pays-Bas, assure que « est intenable particulièrement dans le domaine de la sécurité sociale et de la retraite. »
Dans son premier discours du trône, le nouveau roi des Pays-Bas a annoncé la fin du modèle de société du bien-être. Et proposer à la place une « société de la participation. » Pas sûr que les Néerlandais apprécient.

Le très impopulaire gouvernement néerlandais tente de se raccrocher aux branches du nouveau roi Guillaume-Alexandre. Arrivé sur le trône le 1er mai après l'abdication de sa mère Beatrix, ce roi de 46 ans bénéficie d'un enthousiasme propre à tous les jeunes souverains et renforcé par la nouvelle reine, la très attrayante banquière Argentine Maxima.

Le premier ministre Mark Rutte, dont la coalition formée de son parti libéral le VVD et des travaillistes du PvdA, est créditée de moins de 30 % des voix dans les sondages, ne pouvait évidemment résister à la tentation d'utiliser cette popularité.

« Système intenable »

Jeudi, lors de son premier discours du trône, Guillaume-Alexandre a donc été la voix de la pensée de Mark Rutte. Il a tenu un discours marqué d'un libéralisme décomplexé et annoncé un changement de société. Fini, le « welfare state de la deuxième moitié du 20ème siècle », a proclamé le chef de la maison d'Orange-Nassau. Un système qui, selon lui, « est intenable particulièrement dans le domaine de la sécurité sociale et de la retraite. »

« Société de la participation »

A sa place, le descendant du Grand Stadhouder annonce la mise en place d'une « société de la participation. » Un terme très à la mode dans les plaines bataves depuis le début des années 2000, déjà mis en avant par le souverain dans une déclaration à la télévision en septembre et qu'il définit ainsi : « Celui qui est capable doit avoir la responsabilité de sa propre vie et celle de son entourage. » Autrement dit, ce sont désormais les individus et non l'État qui devront assurer leurs propres dépenses de santé et de retraite. L'État néerlandais devra être « petit, mais fort », a indiqué son chef.

Un nouveau plan d'austérité

Le roi a conclu en dressant la liste des nouvelles mesures d'austérité envisagées par le gouvernement. 6 milliards d'euros pour 2014 de réduction de dépenses publiques (gel du salaire des fonctionnaires, durcissement des mesures de remboursement de la sécurité sociale, etc…) pour tenter de ramener le déficit public dans les clous du traité de Maastricht avant la fin de 2014, comme l'a exigé la Commission européenne. Mais aussi des réformes structurelles concernant la gestion de la petite enfance et de la retraite.

Des partis de gouvernement en pleine déroute

Guillaume-Alexandre est connu pour son esprit libéral et sa proximité avec les entreprises. Sans doute est-il donc en harmonie avec les propos que Mark Rutte placent dans sa bouche. Mais les Néerlandais, eux, semblent moins convaincus. Les sondages montrent une véritable exaspération face à la politique du gouvernement. Alors que l'extrême-droite du PVV et l'extrême-gauche du SP caracolent en tête avec respectivement 35 % et 25 % des intentions de vote, le VVD est passé sous les 20 % et le PvdA frôle désormais les 10 %.

Crise immobilière ou crise du welfare state ?

Quant à la crise profonde que traversent les Pays-Bas, elle a surtout été provoquée par la bulle immobilière elle-même causée par les mesures de dérégulations de ce marché et par les pratiques parfois extrêmes des banques. L'explosion du déficit public s'explique davantage en réalité par l'effondrement de la croissance et de la demande intérieure causée par cette crise immobilière que par un « welfare state » néerlandais qui a déjà largement été démantelé.

Sans doute les Néerlandais, malgré leur attachement à la monarchie et à la maison d'Orange, ne l'ont pas oublié. Et sans doute sont-ils dubitatifs face à la stratégie de leur gouvernement qui propose de comprimer davantage la demande. D'autant que leur monarque ne leur a pas promis de passer, lui aussi à l'austérité. La maison du roi dispose d'un budget de 100 millions d'euros par an et le souverain lui-même touche chaque année un salaire de 825.000 euros…