L'Ukraine tourne le dos à l'Europe

Par Romaric Godin  |   |  485  mots
Le parlement ukrainien, la Rada, vient de rejeter les lois permettant la libération de Ioulia Timoschenko
Le président Viktor Yanukovitch a mis fin par décret à toute négociation du traité d'association de l'Ukraine avec l'UE. Il propose un accord tripartite avec la Russie...

 

 

 

L'Ukraine a donc enfin choisi. Ce jeudi matin, le parlement de Kiev, la Rada, a rejeté les six propositions de loi qui auraient permis de libérer l'ancienne premier ministre Ioulia Timoschenko, actuellement emprisonnée, et de la laisser quitter le pays. Le parti du président Viktor Yanukovitch, le « Parti des régions », a massivement voté contre.

Une occasion manquée

Très concrètement, ce vote signifiait une fin de non recevoir aux attentes de l'Union européenne qui réclamait un « pas décisif » dans cette affaire de l'Ukraine afin de pouvoir signer avec elle un traité d'association. Viktor Yanukovitch, qui s'était montré clairement incapable de prendre une position sur le sujet s'est donc vu forcé la main - du moins en apparence - par sa propre formation. Mais il y a fort à parier qu'il n'a guère été surpris par ce vote…

Un décret met fin aux discussions avec l'UE

Dès le début de l'après-midi, le président ukrainien a tiré les conclusions de ce vote et a, par décret, mis officiellement fin à toute négociation avec l'UE. Il n'y aura donc pas le 28 novembre prochain à Vilnius de signature. Dans ce décret, trois raisons sont avancées pour justifier la fin des discussions : la « sécurité nationale » qui doit être « assurée », la nécessité d'une discussion « d'égal à égal » avec l'UE et, pour finir, la volonté de Kiev de « faire revivre » les relations économiques avec la Russie.

Retour dans le giron russe ?

Si, officiellement, Kiev propose de négocier un accord commercial tripartite entre l'Ukraine, la Russie et l'UE, ce dernier point est sans doute essentiel. L'Ukraine a cédé aux menaces de Moscou. Les mesures de rétorsions déjà prises par la Russie auront sans doute déterminé la décision ukrainienne.

Du reste, le « Parti des régions » est un parti pro-russe. La proposition de Moscou d'accorder à l'Ukraine un rabais sur ses livraisons de gaz aura également joué un rôle important. Désormais, on peut penser que Kiev engage une négociation pour rejoindre l'alliance douanière eurasienne dirigée par Moscou qui regroupe déjà Russie, Biélorussie et Kazakhstan et bientôt Arménie.

Population divisée, économie en lambeaux

Reste à connaître les effets de cette décision dans un pays très divisé entre un sud et un est très proches de la Russie et un ouest plus « indépendantiste. » Un sondage publié aujourd'hui révèle que 50 % des Ukrainiens souhaitaient un traité avec l'UE, tandis que 48 % préféraient une union avec la Russie…

Reste aussi à connaître l'effet de cette décision sur une économie en pleine récession et souffrant d'un déficit commercial et courant immense (près de 5,5 % du PIB) et récemment dégradée par les agences de notations à des niveaux proches du risque de défaut…