L'Allemagne introduit la retraite à 63 ans

Par Romaric Godin  |   |  562  mots
Désormais, il sera possible de partir à 63 ans en retraite en Allemagne, après 45 ans de cotisations
La grande coalition a présenté ce jeudi sa réforme des retraites avec plusieurs assouplissement de celle de 2007. Mais le financement pourrait manquer rapidement.

La grande coalition allemande veut aller vite. Le nouveau gouvernement allemand a présenté ce jeudi son projet de loi sur les retraites. Un projet directement inspiré du contrat de coalition signé le mois dernier et qui devait répondre aux promesses de la SPD et de la CDU et qui détricote en partie la réforme portée en 2007 par la SPD qui instaurait en 2030 la retraite à 67 ans.

Un départ sans décote dès 63 ans

Cette nouvelle réforme créée d'abord une possibilité de partir en retraite à 63 ans sans décote si la personne a cotisé 45 ans, une demande de la SPD. Jusqu'à présent, une décote était appliquée pour un départ anticipé à hauteur de 0,3 % par mois d'écart entre l'âge de départ effectif et l'âge légal de départ à la retraite (aujourd'hui 65 ans et 4 mois).

Cet âge de départ anticipé sans décote sera néanmoins progressivement remonté de deux mois à partir de l'an prochain jusqu'à atteindre 65 ans pour les personnes nées en 1964. Il est vrai que, parallèlement, l'âge légal de départ à la retraite va remonter pour atteindre 67 ans en 2030… Le coût total de cette mesure va progressivement s'alourdir : de 900 millions d'euros cette année, il va passer à 3,1 milliards par an en 2030.

Un supplément pour les mères

Deuxième mesure phare : la création d'un supplément retraite pour les mères qui ont eu des enfants avant 1992 qui correspond à 28 euros par an à l'ouest et à 26 euros à l'est. Ce supplément sera appliqué à partir du 1er juillet. La mesure, réclamée par la CDU et la CSU, coûtera 6,7 milliards d'euros par an. Ce coût devrait rester stable, baissant très légèrement à 6,1 milliards d'euros en 2030.

160 milliards d'euros à trouver en 16 ans

Plusieurs autres mesures ont été prises, pour lutter contre le phénomène très préoccupant des « retraités pauvres » en Allemagne : la grande coalition a notamment mis en place une retraite minimum de 850 euros par an. En tout, la facture de ces mesures s'élève à 4,4 milliards d'euros cette année et monter jusqu'à 11 milliards d'euros en 2030. En tout, la facture globale s'élève à 60 milliards d'euros d'ici à 2020 et 160 milliards d'euros d'ici à 2030 !

Les cotisations vont s'alourdir

Comment financer ces mesures ? Dans l'immédiat, il n'y a aucune urgence : les caisses de retraites sont excédentaires et disposent d'une réserve de 31 milliards d'euros. Mais ces réserves vont fondre rapidement. La grande coalition a donc décidé d'annuler la baisse prévue des cotisations retraite de 18,9 % à 18,3 % du salaire brute et annonce une augmentation progressive de ces dernières à partir de 2019. En 2019, la cotisation passera à 19,7 % puis montera progressivement jusqu'à 22 % au cours de la décennie suivante.

Pas de financement à terme

Mais ce ne sera pas suffisant : l'Etat va devoir aussi mettre la main à la poche. A partir de 2022, pas moins de deux milliards d'euros de fonds fédéraux viendront financer le système de retraite. En réalité, les mesures prises par la grande coalition ne sont certainement pas financées à cet horizon, alors même que la faible natalité du pays viendra réduire les entrées de cotisations. Sans mesure pour assurer un niveau d'emploi au moins stable, les prochains gouvernements allemands seront contraints de revenir sur les décisions prises ce jeudi.