L'accord de libre-échange UE-USA inquiète les Allemands

Par Mounia Van de Casteele  |   |  453  mots
Beaucoup d'agriculteurs savent qu'ils ne seraient pas compétitifs sur un marché entièrement ouvert.
La perspective d'un partenariat transatlantique inquiète les professionnels de l'agroalimentaire réunis à Berlin cette semaine. Ceux-ci craignent une baisse des normes, l'arrivée des OGM et de la viande aux hormones.

Les agriculteurs allemands ne voient pas d'un bon œil le partenariat transatlantique, en négociation entre les Etats-Unis et l'Union européenne. C'est le moins qu'on puisse dire. "Si les Américains ont le droit de vendre leurs porcs ici, ce ne sera pas facile pour nous", résume Kathrin Seeger, qui dirige avec son mari un élevage de porcs dans l'ouest de l'Allemagne, citée par l'AFP.

L'inquiétude est de mise, tant pour les professionnels que pour les consommateurs. "Nous sommes très critiques de tout ce qui touche aux OGM, aux techniques de production de masse", enchérit Heino Dwinger, à la tête d'une petite exploitation laitière bio dans le nord de l'Allemagne. Celui-ci se dit "inquiet". "Encore plus en tant que consommateurs", renchérit sa femme, Sabrina Schaller, citée par l'agence.

Les OGM inquiètent particulièrement

L'Union européenne et les Etats-Unis discutent depuis l'an dernier d'un accord de libre-échange, qui serait le plus vaste du monde, et sur lequel les deux côtés fondent de gros espoirs. L'UE en attend un bond de ses exportations de 28%. Comme les barrières douanières sont faibles de part et d'autre de l'Atlantique, l'essentiel des négociations devrait porter sur l'harmonisation des règlementations, un sujet particulièrement sensible en matière d'agriculture et d'alimentation.

Or les organismes génétiquement modifiés (OGM) cultivés à grande échelle aux Etats-Unis mais strictement encadrés en Europe, sont source d'inquiétude, tout comme les conditions d'élevage et les standards écologiques.

Les agriculteurs craignent un alignement des normes vers le bas

"A l'heure actuelle il est possible (en Europe) d'inciter les agriculteurs à élever leurs bêtes dans de bonnes conditions, et à produire pour le marché local", explique sur le salon Hubert Weiger, de l'association allemande de protection de la nature Bund, cité par l'AFP. "Mais si cet accord de libre-échange voit le jour, nous serons soumis aux règles du marché mondial, et le marché mondial se préoccupe peu de protection de l'environnement et des animaux", selon lui. "Pour rester dans la course sur le marché de la viande, il faudra encore plus d'investissements dans des élevages géants", prédit-il.

Comme dans d'autres domaines, par exemple en terme de protection des données personnelles, les Européens craignent en effet un alignement sur le moins-disant.

En marge de la "semaine verte", du nom du salon qui se tient à Berlin du 16 au 26 janvier, environ 30.000 manifestants ont défilé dans la capitale allemande samedi pour une agriculture plus propre, avec pour beaucoup d'entre eux le futur accord de libre-échange  dans le collimateur, dont le 3e round de négociations doit débuter mi-février à Washington.