Chute surprise de l'inflation en zone euro en janvier

Par Romaric Godin  |   |  490  mots
La hausse des prix n'a été en janvier que de 0,7 % sur un an
La hausse des prix a retrouvé ses bas niveaux d'octobre à 0,7 % en janvier dans la zone euro. De quoi apporter de l'eau au moulin de la politique souple de la BCE.

Malgré la politique accommodante de la BCE, malgré sa rhétorique assouplie, malgré son « forward guidance », la hausse des prix à la consommation dans la zone euro a encore ralenti en janvier à 0,7 %, contre 0,8 % en décembre. On est ainsi revenu au niveau d'octobre dernier et c'est le quatrième mois consécutif d'inflation inférieure à 1 %. Autrement dit, la zone euro est donc bien entrée dans la « période prolongée de faible inflation » promise par Mario Draghi depuis quelques mois. La chute du mois d'octobre, où l'on était passé de 1,1 % à 0,7 % d'inflation annuelle, n'était donc pas un « accident », mais un vrai changement quantitatif.

Hors énergie, le ralentissement est patent

Certes, les prix de l'énergie ont joué un rôle à la baisse et hors alimentation et énergie, le taux d'inflation est de 0,8 % contre 0,7 % en septembre. Mais c'est moins que prévu par les économistes et c'est encore très faible. Surtout, l'inflation dans les services, traditionnellement plus stable, est forte décroissance avec une hausse de 1,1 % seulement en janvier.

Pas d'impact de la hausse de la TVA

Ce chiffre est aussi inquiétant sur le plan géographique. L'inflation allemande a connu un nouvel accès de faiblesse en janvier à 1,2 %, tandis que l'inflation espagnole reste proche de 0 à 0,3 %. Le chiffre de la zone euro laisse présager d'une faible inflation en France, malgré le relèvement du taux de TVA. Autrement dit, les entreprises françaises ont préféré rogner sur leurs marges plutôt que de faire passer le relèvement de la taxe indirecte…

Mauvaise nouvelle

Ce taux d'inflation, inférieur de 20 points de base à celui qui était attendu par les économistes est donc une vraie mauvaise nouvelle pour la zone euro. Il est en cohérence avec le fort ralentissement de la croissance de l'indice de masse monétaire M3 qui n'a progressé en décembre que de 1 % contre 1,5 % en novembre en rythme annuel, quand le marché attendait une progression de 1,7 %.

Réaction des entreprises

L'argent en circulation se stabilise, les prix également. Les marges des entreprises de la zone euro vont donc être mises à rude épreuve. Comment vont-elles réagir ? Dans un contexte de demande toujours aussi faible, tout dépend de l'évolution des coûts et particulièrement des coûts syndicaux. Dans les pays du sud, ces coûts ont beaucoup baissé, mais dans certains pays comme Chypre ou la Grèce, les prix sont aussi en chute libre. Dans les pays du nord, comme l'Allemagne, les coûts salariaux progressent, ce qui risque de peser sur les marges.

La BCE, l'arme au pied

Si les entreprises, pour préserver leurs marges, réduisent leurs investissements ou la masse salariale, la déflation ne sera plus très loin. On n'y est pas encore, mais la BCE, dont le conseil des gouverneurs se réunit jeudi dernier, va observer avec beaucoup d'attention, l'évolution de ces prochains mois sur le front des prix…