Berlin prépare un troisième plan d'aide pour la Grèce

Par Romaric Godin  |   |  406  mots
Il manquera en 2014 et 2015 15 milliards d'euros à la Grèce.
Athènes sera à cours d'argent à la mi-2014. L'Allemagne travaille à un nouveau plan d'aide. Sous conditions...

Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, les fonctionnaires du ministère fédéral des Finances à Berlin travaillerait actuellement à la réalisation d'un troisième plan d'aide à Athènes… sans réduction de la dette. Selon les informations du Spiegel, cette aide serait accordée avant les élections européennes de mai comportant soit une nouvelle restructuration de la dette, soit un nouveau programme de soutien. Le montant de cette nouvelle aide serait de 10 à 20 milliards d'euros.

Pas de restructuration de la dette

Dans la journée de lundi, la Wilhelmstrasse, siège du ministère des Finances allemand, a démenti catégoriquement toute nouvelle restructuration de la dette. Ce n'est pas surprenant, car pour être efficace, il faudrait que les organismes parapublics qui ont prêté à Athènes se joignent à la restructuration. Ce serait potentiellement mettre en danger le sacro-saint argent du contribuable, ce qui serait mal venu outre-Rhin où le parti eurosceptique Alternative für Deutschland (AfD) est crédité de 7 à 8 % des intentions de vote aux européennes.

10 à 20 milliards d'euros sous conditions

Reste donc sans doute un programme d'aide « classique » de 10 à 20 milliards d'euros. Les investisseurs estiment souvent qu'il devrait manquer 15 milliards d'euros à la Grèce pour se refinancer en 2014 à 2015 puisque le « deuxième plan d'aide » s'achève en juillet 2014. Mais le Spiegel prévient d'emblée : ce programme « sera conditionné à ce que le gouvernement grec s'engage avec fermeté à réaliser les réformes. » Programme vague, mais qui fait sans doute référence au bilan récent de la troïka qui a indiqué que seulement la moitié des réformes prévues ont été appliquées en Grèce. Il faut dire que cette moitié a déjà eu un coût économique considérable.

Vers de nouvelles élections ?

Athènes tente depuis des mois de calmer la volonté de la troïka d'imposer l'intégralité du programme. En vain. Berlin est bien décidé à l'imposer. L'actuel gouvernement grec n'aura sans doute pas de mal à l'accepter et l'on peut même imaginer une conséquence d'un nouveau plan d'aide : des élections anticipées. Il s'agira alors de placer les Grecs devant ce choix : réélire la coalition Nouvelle Démocratie-Pasok et toucher la nouvelle aide ou se voir couper les fonds et entrer dans l'inconnu… Cette nouvelle aide pourrait donc être une nouvelle illustration des pressions exercées sur la démocratie grecque et de la prédominance de la logique allemande en Europe.