La croissance allemande retrouve sa machine à exporter

Par Romaric Godin  |   |  526  mots
Les exportations demeurent le point fort de l'économie allemande.
L'optimisme outre-Rhin touche surtout l'industrie exportatrice qui profite de la reprise dans les pays périphériques. La demande intérieure reste faible et les investissements seront sans doute limités.

L'économie allemande revient à ses fondamentaux. Ce mardi, la Chambre de Commerce et d'Industrie allemande (DIHK) rendait publics ses indicateurs sur le climat des affaires outre-Rhin pour janvier. Des indicateurs trimestriels intéressants puisqu'ils sont réalisés auprès de 27.000 entreprises de toute taille. C'est donc une photographie grandeur nature de la situation conjoncturelle allemande en ce début d'année.

Amélioration du climat des affaires

Cette enquête montre une rapide amélioration du climat des affaires outre-Rhin. 28 % des entreprises interrogées tablent sur une amélioration de la situation dans les trois mois à venir contre 20 % au début de l'an dernier. Parallèlement, elles sont encore 61 % à s'attendre à un maintien des conditions actuelles (jugées par 91 % des entreprises comme « bonne » ou « satisfaisante »). Autrement dit, 89 % des sociétés allemandes ne s'attendent pas à une dégradation conjoncturelle.

L'industrie exportatrice mène la danse

Quel est le moteur de cette bonne nouvelle ? L'industrie exportatrice, bien sûr ! La DIHK souligne ainsi que les entreprises de ce secteur voient leurs perspectives s'améliorer nettement : en un an, elles sont 11 points de plus (28 %) à avoir une vision positive de l'avenir. Trois secteurs tirent leur épingle du jeu : celui des biens d'équipement (+ 11 points d'optimistes à 28 % d'optimistes), celui de la technologie (+12 points à 31 %) et enfin celui de l'automobile (+11 points à 33 %).

Des exportations alimentées par la zone euro périphérique

Les raisons de ce redémarrage de la demande externe, c'est l'amélioration de la conjoncture en zone euro, particulièrement dans les pays périphériques. Cette croissance issue de la politique de dévaluation interne (imposée en grande partie par Berlin) profite naturellement à l'industrie allemande puisqu'il s'agit là aussi d'une croissance tirée par la reconstitution d'une industrie exportatrice. Cette industrie (re)naissante a besoin de biens d'équipement, marché sur lequel le Mittelstand allemand a une position dominante…

Une demande interne encore faiblarde

Au regard, les perspectives sur le front de la demande interne demeure bien moindre. Le secteur de la vente de détail connaît un niveau d'optimisme inchangé à seulement 7 %. C'est cohérent avec le chiffre très décevant des ventes au détail pour décembre qui a été publié récemment. Le niveau d'optimisme du secteur des services aux entreprises ne progresse que de 5 points à 23 %. Mais ce qui est frappant, c'est que, malgré le moteur de l'export, les perspectives d'investissement demeurent faibles : 26 % des entreprises disent vouloir plus investir contre 25 % à l'automne.

Pas de rééquilibrage

Quelles leçons tirer de cette enquête ? Principalement que l'économie allemande n'est guère en phase de rééquilibrage comme on le dit parfois. Si c'est la demande interne qui a majoritairement contribué à la croissance (très faible) de 2013, c'est en raison de la faiblesse des exportations. A présent, l'embellie conjoncturelle annoncée par 2014 (avec une croissance de 2 % prévue par la DIHK contre 1,7 % en octobre) sera, comme en 2010 et 2011, principalement supportée par la demande externe. L'Allemagne, en raison de la faiblesse de ses investissements et de sa consommation, devrait donc continuer de peu contribuer à la croissance de la zone euro. En revanche, elle profitera beaucoup de la croissance de ses partenaires de l'UEM.