Le Portugal prêt à sortir du plan d'aide sans filet de sécurité

Par latribune.fr  |   |  687  mots
Le premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho
Le gouvernement portugais confirme sa volonté de sortir du plan d'assistance internationale. Il opte pour une sortie sans ligne de crédit de précaution

 Le Portugal devrait annoncer dimanche qu'il se passera d'une ligne de crédit de précaution à l'issue du plan de sauvetage international qui expire le 17 mai, s'estimant capable d'affronter les marchés sans filet de sécurité.

La décision doit être entérinée lors d'un conseil des ministres prévu ce dimanche, puis dévoilée par le Premier ministre Pedro Passos Coelho à la veille d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, qui examinera lundi à Bruxelles le cas du Portugal.

Le chef du gouvernement de centre droit a déjà laissé entendre qu'il penchait pour une sortie sans programme de précaution, à l'instar de l'Irlande, devenue en décembre dernier le premier pays de la zone euro à s'affranchir de la tutelle de ses bailleurs de fonds.

Trois ans de rigueur

"Nous sommes en mesure de montrer aux Portugais que le chemin parcouru jusque-là nous permet d'avancer par nos propres moyens à partir de maintenant", a déclaré jeudi M. Passos Coelho, qui depuis bientôt trois ans met en oeuvre une politique de rigueur très impopulaire.

Il y a moins d'un an, le scénario d'une sortie à l'irlandaise semblait bien optimiste et celui d'un deuxième sauvetage à la grecque n'était pas définitivement écarté.

De nombreux experts considèrent toujours que la prudence commande le recours à une ligne de crédit, mais cette solution n'a jamais été testée et Lisbonne risquerait de se heurter aux réticences de certains pays de la zone euro, dont l'Allemagne.

Satisfecit de la troïka

La troïka UE-BCE-FMI représentant les créanciers du Portugal, qui a examiné les comptes du pays tous les trois mois depuis son sauvetage en mai 2011, lui a accordé vendredi un ultime satisfecit ouvrant la voie au versement de la dernière tranche d'un prêt de 78 milliards d'euros.

Sans se prononcer sur la stratégie de sortie du plan d'aide, la troïka a relevé que "l'accès du Portugal aux marchés de la dette s'est nettement amélioré dans un contexte de forte demande des investisseurs et d'une forte baisse des taux d'intérêt".

Poursuite de la rigueur

Profitant d'une détente généralisée vis-à-vis des pays fragiles de la zone euro ces derniers mois, le Portugal a vu ses taux d'emprunt à dix ans tomber autour de 3,7% et a pu se constituer des réserves qui lui permettent d'assurer ses besoins jusqu'en mars 2015.

Lisbonne a franchi une étape décisive pour son retour sur les marchés financiers avec le franc succès obtenu le 23 avril lors de sa première émission régulière de dette à long terme depuis 2011. Sur le front budgétaire, les coupes sévères et les hausses d'impôts sans précédent ont permis de ramener le déficit public à 4,9% du PIB l'an dernier, contre 9,8% en 2010, mais la dette publique a continué de s'alourdir à près de 130% du PIB.

Un peu de croissance, après deux années et demi de récession

Après deux ans et demi de récession, l'économie portugaise a repris des couleurs en renouant avec la croissance et en inversant la courbe du chômage au deuxième trimestre 2013.

Tout en saluant une application "rigoureuse" du plan de redressement portugais, les créanciers ont appelé à la poursuite des réformes et exprimé leur inquiétude concernant les obstacles que pourrait encore poser la Cour constitutionnelle.

Avant le départ de la troïka, le gouvernement a ainsi dû s'engager à garder le cap de la rigueur en détaillant un nouveau train de mesures chiffré à 1,4 milliard d'euros pour 2015, année d'élections législatives.

"La situation portugaise est nettement meilleure mais restera encore fragile car elle est extrêmement sensible à tout aléa", ont résumé les analystes de la banque française Natixis.

Citant un document de préparation au conseil des ministres de dimanche, l'hebdomadaire Expresso assurait que le gouvernement allait opter pour une sortie à l'irlandaise tout en faisant valoir que le recours à un programme de précaution "restera disponible à l'avenir en cas de besoin".