L'Allemagne veut légiférer sur le gaz de schiste... pour mieux l'autoriser

Par Tiphaine Honoré  |   |  466  mots
A ce jour, il n'existe aucune législation pour réglementer ce procédé, décrié par les écologistes pour les risques qu'il fait courir à l'environnement. /Reuters
Le gouvernement fédéral planche sur une loi pour encadrer la fracturation hydraulique, après avoir effectué des tests. Les futurs forages pourraient potentiellement couvrir 86% de son territoire. Mais plusieurs ministres allemands assurent que les nouvelles règles en préparation ne signifient pas un feu vert à l'extraction des gaz de schiste

Le gouvernement allemand a souligné jeudi que les nouvelles règles en préparation sur la technique controversée de fracturation hydraulique ne signifieraient nullement un feu vert à l'extraction de gaz de schiste en Allemagne.

"Une solution surfaite à la question énergétique"

La ministre de l'Environnement, Barbara Hendricks, a précisé qu'après un moratoire de deux ans, la nouvelle législation qui devrait être présentée au cours de l'année, ne concernerait que les forages profonds pour extraire du gaz de réservoir étanche ("tight gas"). Elle a indiqué au journal Ruhr Nachrichten : 

"Je pense non seulement que la fracturation est une mauvaise solution mais que c'est aussi une solution surfaite à la question énergétique. L'eau potable et la santé, voilà la priorité absolue. Aux termes de ce qui été décidé dans l'accord de coalition (gouvernementale), la fracturation au moyen de substances toxiques, en particulier pour le gaz de schiste, sera interdite".

Des informations ambiguës 

Pourtant, une lettre du ministre de l'Economie Sigmar Gabriel a laissé planer le doute sur une future autorisation de l'exploitation des gaz de schiste. Le document adressé à la commission des finances du Bundestag, indique bien que le gouvernement planche sur un projet de loi en ce sens, comme l'explique un article du site d'information allemand RP ONLINE. Il précise que de nouvelles exigences seront apportées à la fracturation, qui consiste à injecter sous haute pression du sable, de l'eau et des produits chimiques dans la roche pour faire remonter le gaz. 

Le projet, qui doit être examiné avant la fin de l'été, donnerait son feu vert à la fracturation hydraulique après "examen des conditions de protection de l'environnement". Les zones humides protégées, soit 14 % du territoire, seront exclues des zones autorisées. Mardi, le député Vert Oliver Krischer s'alarmait : "A la lecture de la note rédigée par Sigmar Gabriel, la fracturation hydraulique sera autorisée sur 86% du territoire allemand". 

Une "faible" réduction de sa dépendance au gaz russe

Selon Le Figaro, l'utilisation des gaz de schiste par l'état fédéral lui permettrait de réduire "faiblement" sa dépendance au gaz russe. Le quotidien écrit :

"Pour l'instant, il est encore difficile d'évaluer le potentiel des gaz de schiste en Allemagne. Selon le département américain de l'énergie le sous-sol allemand recèlerait 476 milliards de mètres cubes de réserves récupérables. Soit huit fois moins que le potentiel français, et l'équivalent de six ans environ de consommation allemande de gaz."

Mais l'argument de l'indépendance est mis en avant par Sigmar Gabriel, suite à la crise ukrainienne qui fait planer le doute sur l'approvisionnement et le prix du gaz. Pressé, il espère faire adopter ces modifications législatives dès 2015.