71% des experts du baromètre GEM pensent que la France autorisera le gaz de schiste

Courant janvier, Grenoble Ecole de Management (GEM) a dévoilé les résultats de la première édition de son « Baromètre GEM du marché de l’énergie ». Objectif : mieux connaître les tendances du marché à court, moyen et long terme. Si certains résultats ne surprennent pas (comme l’augmentation des prix de l’énergie à terme), on y découvre qu’une large majorité de ces experts considèrent que la France autorisera tôt ou tard l’exploitation de son gaz de schiste. Joachim Schleich, chercheur et professeur d’économie de l’énergie à GEM, partage avec nous son analyse.

Cleantech Republic : Pourquoi avez-vous créé ce baromètre ?

Joachim Schleich : Il s'agit pour nous de prendre le pouls du secteur afin d'en connaître les clés et challenges pour les six mois à cinq ans à venir. En partageant les résultats avec toute la filière, nous participons au débat et sommes heureux de rendre un service public. C'est notre mission puisque nous sommes aussi un institut de recherche. D'autre part, nous travaillons avec le ZEW, le centre pour la recherche économique européenne de Mannheim, qui réalise un baromètre similaire depuis déjà dix ans en Allemagne. Il nous est apparu évident qu'il serait utile de pouvoir comparer ces deux pays, confrontés à des enjeux similaires de transition énergétique, mais qui empruntent des chemins différents. Il faut d'ailleurs noter que nous voulons uniquement relayer la perception des acteurs du marché, sans porter de jugement, ni prendre partie, ni influencer les politiques.

Première vague et déjà des résultats chocs sur le gaz de schiste ! C'était attendu ?

Nous n'avons pas choisi le sujet innocemment, mais avons été très surpris de découvrir que plus des deux tiers des experts pensent que l'exploitation du gaz de schiste sera autorisée à terme. Et même un tiers avant cinq ans ! De plus, ils estiment collectivement que la rentabilité est possible. Malgré une grande disparité dans sa valeur (ndlr : du simple au double), le prix moyen issu du baromètre avoisine 31 €/MWh, soit légèrement plus que les prix pratiqués actuellement en France sur le marché de gros du gaz naturel (27 €/MWh), mais juste en-deçà du prix européen estimé à 32 €/MWh en 2025 (ndlr : estimation Agence Internationale de l'Energie). Notons au passage que les experts allemands estimaient ce prix moyen à 44 €/MWh fin 2012. Cette différence peut s'expliquer par une vision différente, mais aussi par l'évolution promise des techniques d'extraction.

Ou par des réglementations différentes ?

Tout à fait. Il en existe pas moins de 17 dans l'Union Européenne ! D'ailleurs, les experts pensent à 93 % qu'une nouvelle règlementation européenne verra le jour au cours des cinq prochaines années. Dernier point en totale cohérence avec les autres réponses : plus de 70 % de nos experts s'attendent à une augmentation de la production de gaz de schiste dans l'UE au cours des cinq années à venir. Il s'agirait de la principale source de croissance de la production de gaz naturel dans la zone. Ils envisagent donc bien une forte pression économique et politique sur le sujet à relativement court terme.

Selon vous en France, quelle sera la part de ces différentes sources d'énergie dans la production brute d'électricité dans 10 ans (en %) ? (Baromètre GEM)

Baromètre GEM

 

Impossible de ne pas vous poser la question de la pertinence de votre panel…

Elle est légitime. Nous avons soigneusement sélectionné le panel. Afin d'avoir une représentation équilibrée de l'industrie, du monde académique et de l'administration. Ensuite, il suffit de regarder sa vision de l'évolution du bouquet électrique français pour être rassuré. Il est en cohérence avec ce que disent la plupart des spécialistes du secteur.

On y trouve encore 52% de nucléaire dans 30 ans… Vos experts ne croient donc pas aux objectifs gouvernementaux ?

Effectivement, les 50% de nucléaire dans la production brute d'électricité à l'horizon 2025 ne leur semblent pas possible. Selon leurs estimations de l'évolution du bouquet, il faudrait trois fois plus de temps pour y arriver… Notons tout de même que les évaluations des experts sur ce point présentent d'importantes variations lorsqu'ils se projettent à 30 ans. Néanmoins, la tendance à l'allongement du délai de réduction de la part du nucléaire est solide. En revanche, d'après le panel, il est plus probable que la part des EnR progresse suffisamment pour atteindre les objectifs gouvernementaux - 27% de la production brute d'électricité d'ici à 2020 - puisqu'il l'estiment à 25% d'ici 10 ans (dont 12 % d'hydraulique). Au final, les experts me semblent à la fois réalistes et optimistes.

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Le « Baromètre GEM du marché de l'énergie » en bref…

  • Fréquence : semestrielle
  • Base d'experts : plus de 200 répondants pour la première vague (dont environ 50% du secteur privé)
  • Dates des terrains : décembre et juin
  • Mode de recueil : questionnaires web anonymisés
  • Partenaire : ZEW (centre pour la recherche économique européenne)
  • Accès au rapport : site officiel de Grenoble EM

Cleantech Republic

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Commentaires 4
à écrit le 19/02/2014 à 22:36
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Le problème est que ces dits "experts" qui, à part quelques-uns pris individuellement, se trompent la plupart du temps sur la durée, ne tiennent jamais compte des avancées technologiques notamment en matière de stockage et de batteries ou encore des ...

à écrit le 19/02/2014 à 13:33
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ces gens sont fous car que va-t-il se passer quand l'eau sera polluée. L'eau sera l'élément stratégique dans le futur et non le gaz de schiste et même pas le pétrole; il est probable que ssa valeur sera même supérieure à celle du gaz. Jusqu'où ira la...

à écrit le 19/02/2014 à 12:53
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Certes, on l'autorisera quand on quittera l'euro pour notre monnaie nationale afin d'améliorer notre compétitivité et retrouver notre croissance par notre indépendance énergétique.

le 19/02/2014 à 13:30
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Mais l'indépendance énérgétique de la France c'est juste de la propagande pour vfaire avaler la couleuvre nucléaire...

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