"Steve Jobs a pris nos emplois" (Premier ministre finlandais)

Par latribune.fr  |   |  531  mots
"Nous pouvons faire trois choses pour favoriser (la croissance). Des réformes structurelles d'un point de vue national, libéraliser le marché intérieur européen, et promouvoir le libre-échange au niveau mondial. Mais ce n'est pas moi Premier ministre qui peux générer de la croissance dans ce pays," a prévenu Alexander Stubb, nouveau Premier ministre de la Finlande. | Reuters
L'arrivée de l'iPhone et de l'iPad ont mis KO Nokia et la filière bois, deux piliers de l'économie finlandaise. Après deux ans de récession, le pays nordique ne peut qu'espérer un hypothétique retour à une croissance faible cette année.

"Oui, Steve Jobs a pris nos emplois."

La chute des deux piliers

La pilule est difficile à avaler pour le Premier ministre finlandais, Alexander Stubb, pour qui Steve Jobs a fait un tort considérable à l'emploi en Finlande en surprenant tout le monde avec ses innovations dans la téléphonie. "Nous avions deux piliers sur lesquels nous reposions : l'un était les hautes technologies avec Nokia, l'autre l'industrie papetière", a expliqué ce libéral convaincu, partisan du libre-échange et du "moins d'État". Et de citer Nalle Wahlroos, le président de la banque suédoise Nordea :

"L'iPhone a mis KO Nokia et l'iPad l'industrie du bois."

Nokia, ancien numéro un mondial de la téléphonie, tirait en effet un secteur de l'électronique très fort qui représentait pas moins de 6% du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon l'OCDE. Malheureusement, le géant s'est effondré quelques années après avoir raté le virage du smartphone. Aujourd'hui, le secteur ne représente plus qu'environ 2% du PIB.

Quant aux ventes de bois, en partie pénalisées par l'euro fort, elles sont à la peine face à la concurrence accrue des pays émergents. La filière papier, elle aussi issue de la forêt, ne va pas mieux depuis l'arrivée du numérique. Pour ne rien améliorer, la Finlande avait par ailleurs raté le coche des biocarburants et autres énergies vertes, qui auraient pu compenser la baisse des ventes de bois et de papier. Même si elle essaie aujourd'hui de se rattraper.

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De l'espoir mais pas de miracle pour Alexander Stubb

Alexander Stubb a été nommé Premier ministre fin juin avec pour mission de redresser une économie qui, suite à ces déboires, a aligné deux années de récession en 2012 et 2013, et devrait connaître au mieux une croissance faible en 2014.

"Notre filière bois se détourne lentement mais sûrement de la pâte à papier pour aller vers les énergies vertes. Notre industrie des hautes technologies se tourne vers les jeux," a ainsi relevé le chef du gouvernement.

Mais il a invité les Finlandais à ne pas se faire d'illusion sur une éventuelle solution miracle :

"Nous ne devons pas entretenir l'illusion que l'État crée la croissance. (...) Nous pouvons faire trois choses pour la favoriser. Des réformes structurelles d'un point de vue national, libéraliser le marché intérieur européen, et promouvoir le libre-échange au niveau mondial. Mais ce n'est pas moi Premier ministre qui peux générer de la croissance dans ce pays."

Son programme prévoit toutefois un volet croissance de 1,1 milliard d'euros, dont 410 millions de baisses d'impôts et des investissements pour développer des infrastructures. L'objectif est aussi de relancer le pouvoir d'achat pour faire repartir le secteur de la consommation, en panne. L'objectif de cet orthodoxe financier, avec ce programme qui laisse un temps filer les déficits pour libérer le potentiel de croissance ? Réduire la dette à partir de 2018.

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