Valls refuse toute nouvelle économie budgétaire et veut une baisse de l'euro

Par Ivan Best  |   |  593  mots
Après François Hollande, le premier ministre réclame un soutien à la demande à la zone euro et juge la baisse de l'euro insuffisante. "Il faut aller plus vite" dit-il

"Rien n'est possible sans une initiative pour la croissance au niveau européen". Devant les patrons réunis à l'Université d'été du Medef, auxquels il a livré une véritable déclaration d'amour, Manuel Valls a réaffirmé la volonté de Paris, exprimée récemment par François Hollande, d'obtenir un véritable soutien à la croissance de la zone euro, tout en répondant à l'Allemagne sur le déficit français. Une demande faite à la veille d'un sommet européen crucial, à Bruxelles ce week-end.

'La France ne peut agir seule"

"Aujourd'hui, la zone euro est la région du monde où la croissance est la plus faible. A
vrai dire, elle est quasiment nulle" souligne Manuel Valls. La raison? "La demande est en particulier en panne presque partout."

Pour remédier à cette situation, "la France ne peut plus agir seule, comme elle le fait depuis 30 ans, et continuer à creuser davantage son double déficit, extérieur et budgétaire". Et de prendre appui sur Mario Draghi , le président de le BCE qui, à Jackson Hole, la semaine dernière, a estimé que pouvons avoir des politiques budgétaires européennes plus favorables à la croissance. "C'est un soutien global de la zone euro à sa demande intérieure qui est nécessaire." lance le premier ministre français.
"L'investissement a fortement chuté en Europe depuis la crise. La commission européenne doit donc s'engager en faveur de l'investissement public et privé. Les 300 milliards d'euros sur trois ans annoncés par Jean-Claude Juncker, le 15 juillet, doivent être précisés" souligne Manuel Valls.

Déficit public: à situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle

Parallèlement à ce soutien européen à l'investissement, ,il admet bien sûr la nécessité de réduire en France le déficit public. Mais après François Hollande, Manuel Valls estime que "le rythme de cette réduction doit être adapté à la situation économique actuelle, qui est exceptionnelle". Cette situation "doit donc donner lieu à des réponses exceptionnelles".

Pas question de nouvelles économies budgétaires

Très concrètement, le chef du gouvernement répond à Angela Merkel,  qui vient de réaffirmer que tous les pays européens devaient respecter leurs engagements budgétaires. Manuel Valls estime au contraire que la France ne pourra faire de nouvelles économies pour compenser le dérapage du déficit public, supérieur à 4% du PIB en 2014. Des économies qui seraient rélaisées dans l'optique d'un respect des engagements pris par la France à Bruxelles (3% de déficit en 2015). Pour Manuel Valls, "faire de nouvelles économies pour compenser l'effet d'une inflation trop basse et d'une croissance pas encore au rendez-vous, ce serait créer de l'austérité, appuyer sur le frein pour l'ensemble des pays de l'Union. Ce serait finalement mettre en danger le projet européen ; un projet qui n'est pas seulement un grand marché, mais aussi un grand dessein."

Aller plus vite dans la baisse de l'euro

 Autre levier d'action, la monnaie. "L'euro est surévalué" affirme Manuel Valls, reprenant là une antienne d'Arnaud Montebourg. "C'est mauvais pour nombre de vos entreprises. C'est mauvais pour la croissance". Certes, estime le chef du gouvernement "la banque centrale européenne a fait un mouvement positif début juin, et l'euro s'est déprécié de 6% depuis avril par rapport au dollar, sans intervention directe sur les marchés."

Mais "il faut aller plus loin, plus vite, notamment parce que l'inflation est trop faible. Je fais toute confiance à la BCE pour remplir son mandat d'une inflation proche de 2% en utilisant tous les moyens à sa disposition. Mais le temps presse!"