L'Irlande veut rembourser le FMI en avance

Par Romaric Godin  |   |  409  mots
L'Irlande espère économiser 375 millions d'euros par an...
Dublin voudrait pouvoir emprunter sur les marchés pour rembourser le FMI et faire des économies sur les taux d'intérêt. Mais l'Allemagne ne l'entend pas de cette oreille.

Le ministre des Finances Michael Noonan a entamé ce lundi 8 septembre une grande campagne diplomatique pour obtenir la possibilité de rembourser par anticipation sa dette contractée en 2010 auprès du FMI. Au moment du « plan de sauvetage irlandais », Dublin avait accepté 67 milliards d'euros de la part de l'UE (à l'époque majoritairement le FESF) et du FMI. La part du FMI était de 19,5 milliards d'euros.

Economies prévues

Aujourd'hui, principalement grâce à la « garantie » accordée par la BCE sur ses titres souverains au travers du programme OMT (qui peut déclencher le rachat illimité de ces titres), l'Irlande est revenu sur les marchés financiers. Mais la dette de l'Etat irlandais est encore très lourde (125 % du PIB) et pèse donc encore beaucoup sur le budget du pays. Le gouvernement irlandais s'en passerait bien. Aussi a-t-il fait un calcul simple. Sur les marchés, le 10 ans irlandais est aujourd'hui aux alentours de 1,7 %. A l'inverse, les prêts du FMI ont un intérêt de 5 ans. Dublin est donc tenté de rembourser par anticipation sa dette au FMI par émission de crédit sur le marché.

Dublin espère économiser ainsi 375 millions d'euros par an. Mais pour réaliser cette opération, il faut l'accord de l'ensemble des créanciers de l'Irlande, autrement dit le Mécanisme européen de stabilité (MES), l'Union européenne, la Suède, le Royaume-Uni (qui ont accordés des prêts bilatéraux) et la BCE, qui détient des obligations irlandaises racheté sur le marché. Selon les officiels irlandais, cités par le Financial Times, ce sont les Allemands qui risquent d'être les principaux obstacles à cette procédure.

Réticences allemandes

Au sein du Bundestag, plusieurs élus estiment en effet que l'Irlande n'a pas fait assez de réformes pour voler de ses propres ailes. On est également sceptique sur l'effet de l'OMT sur les taux. Il est vrai que le dégonflement des taux peut paraître bien excessif au regard des niveaux d'endettement des pays jadis sous programme d'aide. Accepter le remboursement anticipé du prêt du FMI, ce serait exposer un peu plus l'Irlande au risque des marchés et, en cas de retournement du marché des taux, s'assurer de la nécessité d'une nouvelle aide garantie par... le contribuable allemand. Les négociations seront donc difficile puisque le gouvernement allemand, pour accepter le « swap » tant à l'Eurogroupe qu'au MES, doit obtenir le feu vert du Bundestag.