Mario Draghi : "c'est moi le patron ! "

Par Romaric Godin  |   |  467  mots
Mario Draghi a répondu aux critiques.
Le président de la BCE a fait une démonstration de force lors de sa conférence de presse mensuelle. Il a insisté sur l'unanimité du conseil des gouverneurs à aller plus loin si nécessaire et a précisé ses objectif d'injections monétaires. Une réponse cinglante aux critiques internes et externes.

Mario Draghi semble avoir voulu montrer qu'il restait le patron au sein de la BCE lors de cette conférence de presse du 6 novembre. Alors que Reuters, mardi 4 novembre, avait cité des sources internes très critiques à l'encontre de sa gestion et avait relancé les spéculations sur l'opposition de la Bundesbank au sein du conseil des gouverneurs.

Unanimité

Le président de la BCE a apporté deux preuves qu'il maîtrisait parfaitement la situation. La première en répétant à l'envie que « le conseil des gouverneurs est prêt à prendre des mesures non conventionnelles si le besoin s'en fait sentir. » Autrement dit, si les mesures prises jusqu'ici ne suffisent pas, tout le monde au sein du conseil des gouverneurs accepte l'idée d'aller plus loin dans l'assouplissement quantitatif. Répété plusieurs fois, cette phrase ressemble à une défaite de la Buba allemande qui aurait donc accepté l'idée de devoir prendre des mesures plus efficaces pour combattre le risque prolongé d'inflation faible. Mario Draghi n'a cessé d'insister sur l'harmonie au sein de la BCE, soulignant même que le dîner de mercredi soir entre les banquiers centraux s'était fort bien passé et qu'en aucun cas il n'y a, en cas de dissension « nord-sud. » Et d'en rajouter : « il ne s'agit pas de financement monétaire de la dette et nous restons dans les limites de notre mandat. »

1.000 milliards de plus

La deuxième preuve du pouvoir affirmé de Mario Draghi a été la clarification de son objectif d'augmentation du bilan de la BCE. Jusqu'ici, il avait évoqué « la taille du début de l'année 2012 », cette fois, il a été plus précis : la taille visée est celle de mars 2012. L'augmentation visée du bilan est donc le maximal possible, près de 1.000 milliards d'euros. Un chiffre qui, selon les observateurs, sera difficile à obtenir avec les moyens mis en place par la BCE aujourd'hui. Autrement dit, il va y avoir plus et Mario Draghi a les moyens de l'imposer. Cet élément est essentiel, car, selon Reuters, les critiques contre Mario Draghi s'étaient concentrées sur cette question d'un objectif chiffré du bilan. Le président de la BCE a enfoncé le clou, faisant preuve d'une autorité remarquable.

Démonstration de force

La Buba a-t-elle réellement baissé les armes ? Peut-être pas, mais cette démonstration de force de Mario Draghi prouve qu'elle n'a pas su fédérer une opposition. Il est vrai que la situation économique difficile de la zone euro rend la position très rigide de la banque centrale allemande bien peu attrayante. Mario Draghi tient donc bien toujours la barre et l'a prouvé. Avec un premier effet : l'effondrement de l'euro qui est passé sous les 1,24 dollar alors qu'il était à plus de 1,25 avant la conférence...