Macron plaide pour un vrai plan de relance européen

Par latribune.fr  |   |  415  mots
Le ministre de l'Economie craint que le plan Juncker de relance de l'Europe n'aboutisse qu'à "recompter de l'argent qu'on a déjà différemment, auquel cas ce ne sera pas un vrai plan de relance". Il préconise un plan d'investissement européen, avec levée de fonds sur les marchés

Le ministre de l'économie Emmanuel Macron plaide pour que les 300 milliards d'euros d'investissement promis par le président de la Commission européenne servent "à lever de l'argent sur les marchés", afin d'en augmenter les effets, dans une interview publiée vendredi dans le journal belge Le Soir.

"En France nous avons mis en place le Programme d'investissements d'avenir: on crée une enveloppe, sanctuarisée sur le plan budgétaire, on lève de l'argent sur les marchés grâce à notre signature et on investit grâce à des dotations, des subventions dans des projets de long terme. Pourquoi ne pas créer, pour ce grand plan d'investissements, un PIA européen?"

Pour un effort au delà du plan Juncker

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a pris ses fonctions cette semaine, a promis un plan d'investissements de 300 milliards d'euros en trois ans pour lutter contre le chômage et renouer avec la croissance sans en préciser les contours. Mais ces 300 milliards ne correspondraient pas à des sommes investies, mais à l'effet global du plan tel qu'il est estimé, y compris les investissements privés. D'où des doutes d'Emmanuel Macron:

"Je pense que si le programme européen consiste à recompter de l'argent qu'on a déjà différemment, ce ne sera pas un vrai plan de relance. Il faut un effort en plus, des moyens additionnels, avec des actions concrètes à court terme".

Le ministre souhaite ainsi que les 300 milliards ne servent pas à payer "pour les dettes et erreurs du passé" mais à stimuler la croissance en finançant des projets communs, et en mobilisant le secteur privé, dans le cadre d'un "New deal européen".

"La Banque européenne d'investissement (BEI) a un rôle à jouer, mais elle apporte des crédits à long terme. Alors que nous avons besoin de financements rapides, aussi en subventions, pour déclencher de l'argent privé", insiste le ministre.

Analysant la situation économique et politique préoccupante de l'Europe, Emmanuel Macron trouve une comparaison avec l'époque des années 30.

"Je suis frappé par la ressemblance entre notre période et celle des années 30. Nous sortons d'une crise, les peuples se rétractent, les indicateurs économiques sont inquiétants, les démocraties sont fatiguées, les dirigeants politiques sont conspués".

Selon lui, "le plus grand risque est que les responsables politiques laissent s'installer l'idée qu'ils sont impuissants, que les démagogues prennent le pouvoir et que les égoïsmes nationaux reviennent".