Grèce, l'inattendu soutien de Papandréou au gouvernement Tsipras avant une réunion de l'Eurogroupe

Par latribune.fr  |   |  613  mots
Georges Papandréou
A la veille d'une réunion déterminante des ministres des Finances de l'Eurogroupe, l'ancien Premier ministre socialiste Georges Papandréou, qui avait été pourtant le premier à accepter en 2010 que son pays soit mis sous programme d'assistance, a écrit aux 28 dirigeants européens pour leur demander de trouver "un accord mutuellement profitable". La Grèce veut avoir la maîtrise de ses réformes.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras, très soutenu par les Grecs, se préparait dimanche la réunion des 19 ministres des Finances de l'Eurogroupe, ce lundi, dont le sort du pays dépend, avec la volonté de tout faire pour trouver un accord, sans pour autant annoncer de concessions.

"Notre position, basée sur la logique, est forte, et conduira à un accord, même à la dernière minute voire après la dernière minute", a indiqué dans une interview à Kathimerini dimanche le ministre des Finances Yanis Varoufakis.

L'Eurogroupe doute d'un accord

Selon lui, tant les Grecs que le reste de l'Union européenne "feront tout ce qu'il faut pour éviter un résultat qui affaiblisse l'unité de la zone euro". Le ministre s'est dit convaincu que "l'Europe sait conclure des accords honorables à partir d'honorables désaccords". Il a évoqué un niveau d'optimisme "important" à la veille de la réunion lundi des 19 ministres des Finances de l'Eurogroupe. Un discours qui tranche avec celui du chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui s'était déclaré, vendredi, "très pessimiste" sur la possibilité d'un accord lundi. Samedi, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a également évoqué la perspective de "négociations difficiles".

Le risque d'une sortie de la Grèce de la zone euro est important s'il n'y a pas d'accord lundi et si le pays est ainsi contraint à ne pas pouvoir honorer ses engagements financiers.

Athènes veut avoir la maîtrise de ses réformes

Le nouveau gouvernement de gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras veut rompre avec les programmes d'aide imposés à la Grèce depuis cinq ans par l'Union européenne, la BCE et le FMI, et qui ont considérablement pesé sur la vie quotidienne de la population, en échange de 240 milliards de promesses d'aide. La Grèce semble résolue à faire des réformes, mais qui seraient contenues dans un nouveau programme dont Athènes aurait cette fois la maîtrise.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis, dimanche, a affirmé sur Skai TV que "le gouvernement est déterminé à honorer ses engagements" vis-à-vis des électeurs et "ne poursuivra pas le programme tel qu'il était jusqu'alors". Tout en trouvant une solution "qui profite à tout le monde", a-t-il dit lui aussi.

"Il n'y a pas de plan B", a annoncé de son côté Yanis Varoufakis. Le gouvernement Tsipras a aussi reçu un soutien inattendu dimanche : l'ancien Premier ministre socialiste Georges Papandréou, qui avait été pourtant le premier à accepter en 2010 que son pays soit mis sous programme d'assistance, a écrit aux 28 dirigeants européens pour leur demander de trouver "un accord mutuellement profitable", en insistant sur tous les efforts déjà consentis pas les Grecs, qui souffrent encore d'un chômage à plus de 25%.

L'Union européenne ne veut s'engager qu'à une extension du programme en cours

Or l'UE, pour l'instant, ne veut s'engager qu'à une "extension" du programme en cours, qui s'achève le 28 février.

Des discussions ont encore eu lieu samedi, sous forme "d'échange de vues pour une meilleure compréhension des positions de chacun", a déclaré un officiel de l'UE samedi. De ces discussions doit sortir un rapport qui sera présenté à l'Eurogroupe. Or, Yanis Varoufakis prévient dans son interview qu'il reste des points de friction, notamment sur les privatisations sur lesquels le nouveau gouvernement veut en grande partie revenir, ou les droits des salariés dans l'entreprise.

Le gouvernement grec compte aussi sur les manifestations de soutien à ses demandes, dimanche, en Grèce, Paris ou Lisbonne. Samedi à Rome, déjà, plusieurs centaines de manifestants ont défilé à l'appel d'organisations, syndicats et partis de gauche, pour soutenir les positions anti-austérité du gouvernement grec.