Royaume-Uni : la double lecture du satisfecit de l'OCDE

Par Nabil Bourassi  |   |  459  mots
Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, félicite le gouvernement de David Cameron, mais lui demande de "terminer le travail".
Les réformes économiques du gouvernement de David Cameron sont jugées positives par l'OCDE. Celle-ci s'inquiète toutefois du très faible niveau de la productivité du travail et des effets négatifs des inégalités sociales.

A quelques mois des élections générales (prévues le 7 mai), David Cameron ne retiendra que l'essentiel d'une étude de l'OCDE. l'organisation a délivré un satisfecit du bilan économique du Premier ministre britannique. En effet, avec 2,6% de croissance, le Royaume-Uni enregistre la meilleure performance des pays du G7 et l'Organisation pour la coopération et le développement économique estime que "les fondations d'une croissance à long terme ont été posées".

"Vous avez divisé par moitié le déficit, qui reste élevé en comparaison d'autres pays de l'OCDE, mais vous avez dès le début la partie la plus difficile, ce qui veut dire que l'assainissement budgétaire va pouvoir se poursuivre à un rythme qui ne pèsera pas sur la croissance", a déclaré Angel Gurria , secrétaire général de l'OCDE, à l'adresse de George Osborne, chancelier de l'échiquier, à qui il a remis son rapport.

A cela, il a ajouté : "Bien joué M. le chancelier, et maintenant il faut finir le travail !". Car le rapport de l'OCDE n'est pas aussi laudateur qu'il n'y parait. L'organisme pointe un certain nombre de réserves, et pas des moindres, et ne manque pas de les souligner.

Le dangereux déclin de la productivité

La faible productivité pose un véritable problème sur la solidité de la croissance britannique. D'après l'organisme, la productivité du travail est restée "exceptionnellement faible depuis le début de la crise", contrairement aux crises précédentes dont les phases de reprises s'étaient accompagnées d'une forte reprise de cette variable. L'OCDE note ainsi que la productivité n'a pas augmenté depuis 2008, soit le début de la crise économique.

L'institution juge que le faible niveau d'investissement (16% du PIB contre 22% en France) a été favorisé par la forte "flexibilisation" du marché du travail. Les contrats zéro heures, et l'utilisation à outrance des statuts d'autoentrepreneurs, ont permis de substituer le travail au capital.

Les inégalités sont plus élevées qu'ailleurs...

L'OCDE observe également que le marché du travail s'est fortement précarisé en raison de cette forte flexibilité. Elle constate par ailleurs que le recul des salaires réels (ininterrompu entre 2008 et 2014) a contribué à creuser les inégalités sociales au Royaume-Uni. Une région où elles sont plus élevées que dans les autres pays européens.

Enfin, l'organisme suggère au gouvernement de relancer les investissements d'infrastructures, mais également dans l'éducation ou la recherche et développement afin de favoriser le rebond de la productivité.

Début février, l'OCDE avait publié un rapport où il craignait un ralentissement de l'économie britannique. L'institution avait constaté que ses indicateurs avancés de l'économie britannique étaient en recul pour le cinquième mois consécutif.