Le bouclier fiscal provoque des tensions au sein de l'UMP

Par latribune.fr  |   |  544  mots
Le bouclier fiscal, mesure phare de Nicolas Sarkozy, sera-t-il supprimé sous la pression du parti qui l'a mis en place ? L'ancien Premier ministre Alain Juppé a en tout cas renouvelé ses critiques ce mardi à l'encontre du dispositif.

Après s'être attaqué dimanche soir, sur BFM TV, au bouclier fiscal, l'ancien Premier ministre Alain Juppé persiste et signe ce mardi, en s'interrogeant sur la pertinence de ce dispositif qui limite à 50% des revenus les impôts dus par un particulier.

Syndicats et opposition n'ont eu de cesse de demander la suppression de cette mesure de la loi Tepa du 1er août 2007, engagement phare de Nicolas Sarkozy. Ce sont désormais certaines voix de la majorité qui plaident pour sa suspension, voire son abrogation dans un contexte de crise.

"Les choses ont changé, la crise est venue", a redit Alain Juppé sur France Info ce mardi.  "Aujourd'hui, il y a une petite minorité de très riches qui ne cessent de s'enrichir", a affirmé le maire UMP de Bordeaux. "Cela ne me choquerait pas qu'on demande aux très riches de faire un effort de solidarité supplémentaire vis-à-vis de ceux qui souffrent", a-t-il ajouté.

Lors du séminaire des parlementaires UMP, lundi à Paris, le sénateur Jean-Pierre Fourcade et le député Gilles Carrez, rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, ont également plaidé pour une suspension du dispositif "le temps que les finances publiques soient assainies". L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin et le chef de file des sénateurs UMP, Gérard Longuet, ont également critiqué le dispositif.

Eviter l"exode fiscal"

Le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a en revanche défendu le bouclier fiscal, qui permet selon lui d'éviter un exode fiscal pour un coût limité (500 millions, selon Xavier Bertrand, 700 millions d'euros en 2009, selon le rapport de Gilles Carrez).  "La France est un pays où l'on paye trop de charges, trop d'impôts, trop de cotisations et il n'est pas question aujourd'hui d'augmenter les impôts, ce serait une erreur", a-t-il dit ce mardi sur ITélé. "Il y a aujourd'hui une concurrence internationale et je n'ai pas envie de voir des entrepreneurs requitter à nouveau la France comme ils l'ont fait pendant des années et des années", a-t-il ajouté.

Pour le Premier ministre François Fillon également, le bouclier fiscal doit rester en place afin de ne pas "casser le retour de la croissance".

"Un verrou inégalitaire qui est en train de sauter"

Cette bronca contre la mesure réjouira probablement l'oppsition socialiste. "Ce verrou inégalitaire [...] qui servait jusque là de symbole à la politique Sarkozy, est en train de sauter, car la cocotte est devenue trop chaude et ça a fait sauter le bouclier ", a déclaré le député de Corrèze, ce mardi à l'AFP (Agence France Presse).

"Il faut faire une vraie réforme, -pas simplement supprimer le bouclier fiscal -, changer profondément la fiscalité des revenus, c'est-à-dire de supprimer une bonne partie des niches fiscal s, fusionner CSG et impôt sur le revenu, avoir un impôt à assiette large, avec un taux minimum et ensuite une progressivité de l'impôt", a-t-il encore affirmé.

Selon un rapport de Gilles Carrez, le bouclier fiscal a coûté 700 millions d'euros à l'Etat en 2009, un chiffre qui devrait être le même cette année. En 2008, le " bouclier " avait bénéficié à 19.000 foyers français, selon des statistiques du ministère de l'Economie.