L'humour corrézien à la mode Chirac

Par latribune.fr  |   |  594  mots
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L'ancien président de la République a affirmé dimanche qu'il avait voulu faire de "l'humour corrézien" en manifestant l'intention de voter pour François Hollande en 2012. La classe politique n'est pas convaincue.

C'était donc une boutade... Un trait d'humour corrézien. L'ancien chef de l'Etat a eu beau corriger le tir, une partie de la gauche y a vu un souhait sincère tandis que la droite restait plutôt discrète. Rappel des faits. Samedi, lors de la visite du musée qui lui est consacré à Sarran, en Corrèze, Jacques Chirac est accueilli par le président du Conseil général, François Hollande. En montant les marches, l'ancien chef de l'Etat complimente le candidat aux primaires socialistes, qui représente "l'avenir." Puis il ajoute d'une voix plus forte: "Je voterai pour lui, oui, certainement, sauf si (Alain) Juppé se présente."

Une phrase que Jacques Chirac répète ensuite à plusieurs reprises: "Je peux dire que je voterai Hollande". Selon le Journal du dimanche, il répond à des proches qui s'inquiètent: "Je fais ce que je veux." Visiblement amusé, François Hollande s'éloigne quelque peu et affirme aux journalistes considérer la promesse de vote de Jacques Chirac comme une boutade. "C'est une plaisanterie, c'est juste pour énerver ses amis. C'était sur le mode du sourire. Il ne faut pas voir là une déclaration", explique-t-il.

Mais la petite phrase alimente déjà toutes les conversations. Et pour cause. Jacques Chirac avait déjà tressé des lauriers à François Hollande, pourtant d'un bord politique différent du sien, dans le deuxième volet de ses mémoires où il se montre sévère avec Nicolas Sarkozy. Et les deux hommes portent le même attachement viscéral à leur fief commun de la Corrèze. Jacques Chirac a fait savoir dimanche matin dans un communiqué qu'il avait voulu faire de l'humour.

"Il s'agissait d'humour corrézien entre républicains qui se connaissent de longue date. Je déplore que cela ait pu être interprété autrement", explique-t-il. Jacques Chirac tient à rappeler, comme il "l'a toujours dit", qu'il "ne prendra pas part au débat politique et en particulier à celui de la campagne présidentielle".

La gauche amusée, la droite ennuyée

Pour Ségolène Royal, candidate aux primaires socialistes, les propos de Jacques Chirac montrent qu'une partie des responsables politiques de droite veulent "un changement en 2012", sous-entendu la défaite de Nicolas Sarkozy. Le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen pense également que Jacques Chirac "savait très bien ce qu'il faisait en disant" qu'il voterait pour François Hollande. Mais Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, n'y a vu qu'une simple "boutade, une pique" à l'adresse de l'actuel locataire de l'Elysée.

Dans la majorité, les invités aux émissions politiques du dimanche ont cherché à minimiser l'inimitié entre les deux hommes. La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a penché sur i>Télé pour une plaisanterie, soulignant que l'ancien chef d'Etat s'était fixé pour règle de ne pas intervenir dans le débat politique "du moment." "Jacques Chirac a toujours été attaché à défendre sa famille politique et je prends vraiment ça comme une boutade de sa part", a renchéri sur RTL Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture.

"Qu'il y ait des différences de point de vue, de conception entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sur un certain nombre de sujets, je peux en témoigner (...) mais il ne faut pas surinterpréter tout ça", a dit Bruno Le Maire. "C'est amusant, François Hollande se trouve estampillé candidat chiraquien avant d'être désigné" par les socialistes, a préféré ironiser Nathalie Kosciusko-Morizet.