Le New York Stock Exchange offre 8 milliards d'euros pour Euronext

La place de marché américaine formule une offre amicale pour son homologue pan-européenne, qui créerait la première Bourse transatlantique. Très sollicité, Euronext, qui est également approché par la Deutche Börse, va maintenant devoir trancher. Le patron du Nyse attend une réponse d'Euronext "dans les 24 à 48 heures".

Le New York Stock Exchange (Nyse) a publié ce matin, comme on s'y attendait, les détails de son offre de reprise de la Bourse pan-européenne Euronext. L'objectif de ce rapprochement est de constituer la première place de marché transatlantique, et la plus grosse du monde. Il s'agit de créer "le meilleur marché du monde", selon l'expression de John Thain, directeur général du Nyse.

Selon le communiqué publié ce matin, le Nyse offre quelque 8 milliards d'euros pour Euronext: 0,98 action du New York Stock Exchange et 21,32 euros en cash pour chaque titre Euronext. L'action de la Bourse pan-européenne se trouve ainsi valorisée à 71 euros, soit 4,8% de moins que les 74,60 euros cotés vendredi dernier à la clôture.

Le regroupement des places de marché de New York, Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne créerait un ensemble se situant loin devant le Nasdaq, le principal concurrent américain du Nyse. Le nouvel ensemble pèserait environ 20 milliards de dollars de capitalisation.

Selon les calculs du Nyse, les synergies crées par le rapprochement s'élèveraient à 293 millions d'euros sur trois ans, largement du fait des économies sur les dépenses de technologie. Le marché new-yorkais estime que la fusion devrait être positive pour ses bénéfices dès le début. Il prévoit une augmentation de ces derniers de 14% en 2007, 21% en 2008 et davantage ensuite.

La Bourse de New York prévoit un partage des responsabilités entre les dirigeants des deux groupes. John Thain, le patron du Nyse, serait le numéro un du groupe fusionné, tandis que Jean-François Theodore, actuellement à la tête d'Euronext, serait son numéro deux, responsable de l'Europe.

Avec cette proposition, la Bourse de New York veut prendre un avantage décisif sur ses différents rivaux dans la grande bataille pour la recomposition des marchés boursiers internationaux. Son rival le Nasdaq a pris les devants ces dernières semaines en montant progressivement dans le capital du London Stock Exchange, la Bourse de Londres, dont il détient désormais plus de 25%. Le Nasdaq dispose désormais de la minorité de blocage dans le LSE, ce qui pourrait bien obliger la direction de ce dernier à engager enfin des discussions avec lui. Le LSE avait repoussé une première approche du Nasdaq.

L'offre du Nyse intervient également trois jours après les propositions formulées par la Bourse allemande Deutsche Börse pour un rapprochement avec Euronext (voir ci-contre). Mais les discussions entre les deux grandes places d'Europe continentale durent depuis des mois, et les divergences demeurent profondes. Les quelques concessions annoncées vendredi dernier par Deutsche Börse ne semblent pas à même d'amadouer les dirigeants d'Euronext.

Pour ces derniers, il faut maintenant choisir. Euronext a annoncé ce matin que son conseil d'administration étudiera cet après-midi les différentes options sur la table. La place de marché tient demain son assemblée générale, durant laquelle il était déjà censé présenter ses options stratégiques à ses actionnaires. Ces derniers jours, les responsables d'Euronext avaient clairement laissé filtrer leur préférence pour une solution Nyse plutôt que Deutsche Börse. S'exprimant aujourd'hui à New York, John Thain a en tout cas affirmé qu'il espère avoir une réponse d'Euronext dans les 24 à 48 heures.

Dans une conférence de presse tenue ce matin, le ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton a évoqué quatre thèmes de "grande vigilance" sur ces projets. Outre une "concurrence suffisante" sur les activités post-marchés, Thierry Breton souhaite que la gouvernance soit "équilibrée", qu'il y ait le maintien d'une "activité très forte à Paris" et enfin que la régulation d'opérations de marché à Paris soit faite par l'AMF (Autorité des marchés financiers).

Reste à savoir si la Deutche Börse va rester inactive face à cette offensive américaine. En début de matinée, les marchés spéculaient sur une surenchère allemande et l'action Euronext progressait de 3,35% à 77,10 euros. Mais dans la matinée, le sentiment s'est retourné. Et dans l'après-midi, le titre chute fortement, perdant 9,45% à 67,55 euros à la clôture, le marché ne semblant plus croire à une contre-offre de la Deutsche Börse. Le titre Euronext, en outre, est entraîné par la baisse de l'action du Nyse qui, au même moment, perd 5,40%, à 61,02 dollars.

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