Le Congrès américain échoue à réduire les déficits

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  586  mots
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Le super-comité bipartisan n'est pas parvenu à s'entendre sur des nouvelles mesures pour lutter contre les déficits publics. Les clivages politiques restent trop importants avec les élections de 2012 en ligne de mire.

C'est un échec annoncé que vient d'officialiser ce lundi soir le Congrès américain, celui du "super-comité" bipartisan chargé d'identifier des mesures pour réduire les déficits publics - alors que la dette a dépassé la barre des 15.000 milliards de dollars la semaine dernière. Les 12 membres de la commission (6 démocrates et 6 républicains) ne sont en effet pas parvenus à trouver un accord à temps. 

"Après des mois de travail acharné et d'intenses délibérations, nous sommes parvenus à la conclusion aujourd'hui qu'il n'était pas possible de rendre public un accord bipartisan avant la date limite", ont expliqué dans un communiqué les deux co-présidents de cette commission, le représentant républicain Jeb Hensarling et la sénatrice démocrate Patty Murray. "Malgré notre incapacité à surmonter nos différences significatives, nous terminons ce processus avec le sentiment partagé qu'il faut agir contre la crise fiscale de notre pays et que nous ne pouvons pas laisser la prochaine génération la résoudre".

L'échec des négociations va déboucher, à partir de 2013, sur des coupes budgétaires automatiques de 1.200 milliards de dollars sur dix ans, dont la moitié dans les dépenses militaires. Une perspective "dévastatrice" pour le Pentagone, a prévenu Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense. Certains élus républicains espèrent revenir sur ces engagements. Mais Barack Obama a indiqué lundi soir au cours d'une allocution télévisée qu'il apposerait son veto si un tel projet était adopté par le Congrès.

Ce "super-comité" avait été mis en place après l'accord trouvé in extremis fin juillet pour relever le plafond de la dette fédérale, et ainsi éviter de plonger le pays dans une situation de défaut de paiement. Mais les démocrates et les républicains n'ont jamais semblé proches de s'accorder sur ce dossier épineux. Car chaque parti a préféré camper sur ses positions, plutôt que de compromettre sur des points que leurs élus auraient ensuite eu du mal à défendre auprès de leur électorat. Avec, en ligne de mire, les élections générales de novembre 2012.

Trois mois après les âpres négociations du début d'été, les points de blocage restent les mêmes. Les démocrates veulent renforcer la fiscalité des Américains les plus aisés, notamment en ne renouvelant pas les avantages fiscaux qui leur avaient été accordés sous la présidence Bush. Les républicains s'y opposent fermement et militent au contraire pour une sévère réduction des dépenses du système de retraite (Social Security) et de l'assurance santé des personnes âgées (Medicare). Des clivages qui devraient perdurer jusqu'aux élections de novembre 2012.

"L'incapacité de la commission budgétaire à s'entendre sur des mesures budgétaires qui stabiliseraient la part de la dette publique américaine par rapport au PIB n'entre pas en contradiction avec notre décisions prise le 5 août d'abaisser notre notre à "AA+", a fait savoir lundi soir l'agence de notation Standard & Poor's, écartant tout nouvelle dégradation de la dette américaine dans l'immédiat. De son côté, Moody's, qui a maintenu sa note à "AAA", explique que cet échec  n'entraînera pas à lui seul une dégradation. Mais cette perspective n'est pas écartée.

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